19 mai 2016

Reverend Deadeye - Devil? He's A Liar (2015)

Connu par les plus anciens sous le nom de Brent Burkhart, le Reverend Deadeye a eu une autre vie musicale alors qu'il faisait partie de différents groupes localisés autour de Denver (Nahum, Soul Bender, Bedraggled, Broken Spirits...). D'autres l'auront peut-être remarqué dans trois œuvres cinématographiques: The Folksingers, Hard Soil ou Can't Take It With You When You Die! Le "Reverend" doit surtout sa touche personnelle actuelle à son passé (réel ou fantasmé par certains?) de fils de pasteur revivaliste au sein d'une réserve Navajo dans l'Arizona. Rajoutez à cela une collection de disques hérités des parents et grand-parents, matinée de blues, cajun, gospel, country, old-time..., et vous comprendrez que le personnage a reçu la matière pour se forger un univers musical très personnel.

Ce disque a été enregistré chez Fry Pharmacy Recordings, un studio analogique situé à Nashville (Tennessee), surtout connu en ces lieux pour avoir enregistré l'album "Fry Pharmacy" de Mark Porkchop Holder - un bluesman méconnu que l'auteur de ces lignes place, dans son panthéon personnel, parmi les plus grands: Son House, Fred Mc Dowell, Otha Turner... mais on y reviendra plus tard.

"Won't Be Singin' Blues No More", vaine résolution pour un artiste tel que le Reverend Deadeye, où s'entremêlent le piano et la guitare électrique, est rapidement effacée par le tendu "Anna Lee". Sa reverb', son rythme lent, ses appels sans réponse... témoignent de la perte de l'être cher.
"Underneath The Ground" se rapproche de balades plus country, avec son finger picking à la guitare. Là aussi, l'objet de la chanson est transparent pour l'auditeur: le deuil, l'héritage que celui-ci soit physique (argent, whisky, guitare...) ou spirituel (esprit, "cœur"...). Finalement, la mort y est aussi un peu décrite comme un troc où le mort récolte, entre autres, une "couronne d'étoiles". On n'est plus très loin de certaines balades de Johnny Cash. "Underneath the Ground" est probablement le meilleur titre de cet album.
"When The Hammer Falls" (la sentence, la chute du marteau du juge...?): une mélodie légère sonnant telle une ritournelle pour des paroles introspectives et lourdes de sens. [Les plus chafouins noteront qu'il n'y a aucun lien avec la version de Sammy Hagar, et c'est tant mieux!]
L'alternant "Don't Wanna Go Right" marque un refus de l'appartenance à une congrégation religieuse,  et revendique, de façon désabusée, le fait de vivre seul et libre sans les vices ni les avantages d'une certaine société.
L’irruption de la batterie (Alex Herbert) sur ce simili-boogie "Devil? He's A Liar", titre éponyme de cet album, offre un bon moyen de relâcher la tension accumulée sur les pistes précédentes. Il est à parier que ce titre sonne différemment sur scène, ouvrant la porte à des dérapages rock'n roll.
"Sinner, You Better Get Ready" est une gentille exhortation en comparaison de l'énervée "Wake Up Sinner" dédiée "à l'homme qui dit une chose, mais en fait une autre [...]", où le Reverend nous ramène dans le gospel des choeurs noirs à chaque refrain.
"Get Up", un boogie où une strophe sur deux se termine en hululement perché. Parions que cette prestation rappellera à certains un dénommé Johnny Walker (ô combien apprécié en ces lieux). Le saxophone (Andreas Wild) dérape allègrement sur la section rythmique (Boby Jamison à la basse), les paroles se résument à "Get up! Dont let the world get you down!"... 3'05" et c'est plié!
L'auditeur attentif  ne se laissera pas piéger par la retenue initiale de "Never No More": titre marathon (plus de 10'...), entre le prêche du pasteur et la rédemption du coupable, avec une pause improbable vers 7' (afin de mieux lancer l'ultime étage de la fusée sonore), et qui se termine par 2 notes de guitare incongrues... La fin de set parfaite en réalité.

À l'image du reste de la discographie du Réverend (qu'on vous encourage à découvrir!), l'album "Devil? He's a Liar" est à la fois une réussite et le résultat d'un héritage personnel mélangeant l'essence de plusieurs courants musicaux américains (country, blues, gospel...).

Parions que le Reverend Deadeye est un personnage incroyable à voir en live, et peut-être aussi en interview. Gardons patience jusqu'au Blues Rules où Rawpowermag' viendra faire un tour...

John the Revelator

Tracklist:
Won't Be Singin' Blues No More
Anna Lee
Underneath The Ground
When The Hammer Falls
Don't Wanna Go Right
Devil? He's A Liar
Sinner, You Better Get Ready
Wake Up Sinner
Get Up
Never Nor More

Audio:


Vidéo: extrait de Hard Soil


Site:

Sources:

1 commentaire:

  1. Tres bel album, un poil d'influences des black keys quand meme.
    A+

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