11 octobre 2015

Fidlar - Too (2015)


C'est peu dire que l'on avait accueilli avec un certain scepticisme (ah euphémisme quand tu nous tiens...) la sortie du premier album des californiens de Fidlar. Il faut dire que sur le papier un groupe de punk and roll dont le nom fait référence à une expression du milieu skater californien ça faisait moyennement envie (Fuck It, Dog, Life's A Risk).
Pourtant en quatorze titres bien emballés et quelques hymnes braillards définitifs plus tard ("Cheap Beer", "Stoked and broke", "Max can’t surf" ou "Cocaine"), il a bien fallu se rendre à l'évidence et reconnaître le talent du groupe. C'est que derrière une attitude revendiquée de branleurs se cachaient quelques artificiers rock de première main.
Reste que, sceptique que nous sommes, nous n'étions pas convaincu de la capacité du groupe à convertir l'essai et à donner à ce premier album homonyme une suite du même acabit.

Et pour ce nouvel album, Too, Fidlar a sorti l'artillerie lourde, en sonnant plus massif et surtout en s'éloignant quelque peu de son cocktail initial pour sonner plus pop .
En atteste l'introductif "40oz On Repeat" et ses saillies de guitares grandiloquentes et son refrain à la Fratellis.
Parfois on frise même le goût douteux comme sur "The Punks Are Finally Taking Acid" qui sonne comme un Rage Against The Machine embourgeoisé ou quand le groupe se met à flirter dangereusement avec la ligne rouge sur ce "West Coast" clairement calibré pour les radios universitaires américaines.
Mais heureusement le groupe a pour lui quelques qualités qui lui évitent à chaque fois de sombrer, une indéniable capacité à surprendre, à retourner l'auditeur ici par un riff, là par un break ou un refrain bien senti ou tout simplement en faisant preuve d'un humour aussi omniprésent que confondant ("Why Generation" ; "Sober"). Et c'est cette bonne dose d'humour qui nous fait prendre ce disque pour ce qu'il est : un grand moment d'autodérision, de je-m'en-foutisme total. Fidlar apparaît comme le cousin débraillé des Bad Sports, le rejeton insolent des Black Lips, un groupe capable du meilleur comme du pire mais auquel, pour les raisons évoquées plus haut, on en veut jamais.

Et puis sur ce Too, on trouve quelques pistes de haute volée qui nous font oublier les quelques temps faibles du disque. "Why Generation", "Overdose" ou encore "Bad Habits" sont là pour en attester et démontrer qu'ils sont capable de sortir de leur formule rock and roll bas du front.
De même, si Zac Carper tête pensante du groupe voue un amour immodéré à Blink 182 ou Green Day, que l'on se rassure chez Fidlar on a dépassé ce stade et jamais cette référence ne devient rédhibitoire (oui on est pas fan du genre désolé) malgré une proximité parfois évidente ("Bad Medicine").

Si Too est un cran en dessous de son prédécesseur, il reste néanmoins un album très fréquentable et assurément la preuve que le groupe a encore des choses à dire, à condition toutefois de retrouver un peu de l'urgence des débuts.

Frank

Tracklisting :
1.40oz. On Repeat
2.Punks Are Finally Taking Acid
3.West Coast
4.Why Generation
5.Sober
6.Leave Me Alone
7.Drone
8.Overdose
9.Hey Johnny
10.Stupid Decisions
11.Bad Medicine
12.Bad Habits 


Audio et vidéo :




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