Le changement dans la continuité. Ce slogan célèbre que l'on doit à un ancien président français sied plutôt bien à ce nouvel album des Thee Oh Sees.
Mutilator Defeated At Last marque en effet une petite rupture dans l'histoire du groupe. Après avoir annoncé un break pour la formation fin 2013, John Dwyer a sorti coup sur coup un album de pop synthétique (Hubba Bubba sous le nom de Damaged Bugs) puis un album, Drop, sous le nom des Oh Sees mais qui, comme il nous l'avait déjà habitué par le passé, était en fait un album solo du seul Dwyer.
Mutilator Defeated At Last, premier vrai album du groupe depuis Floatin Coffin, marque la fin du line-up précédent, celui à qui on doit l'orientation plus heavy, plus kraut et surtout des prestations scéniques souvent magistrales. Exit donc Mike Shoun et Petey Dammit, ce dernier ayant rejoint Dylan Shearer, et bienvenue à Timothy Hellman (basse) et Nick Murray (batterie).
L'apport d'un bassiste, une basse particulièrement mis en avant mais aussi d'un jeu de batterie plus souple, confère au groupe un groove bien différent de celui distillé par le précédent line-up.
Le travail de Dwyer avec Damaged Bugs, enrichit également la palette du groupe, certains titres bénéficiant ainsi du même traitement que ceux de Hubba Bubba ("Sticky Hulks").
Voilà pour le changement. Et la continuité me direz vous ?
C'est simple pour le reste rien n'a vraiment changé, on retrouve le même attrait pour les rythmiques heavy, les infléchissements kraut. Le fonds reste le même, seul la forme change.
Ainsi les amateurs du groupe ne seront pas vraiment dépaysés et trouverons sur ce disque tout ce qu'ils ont l'habitude d'y trouver même si clairement on a affaire à un nouveau groupe qui appose sa patte sur une formule dument éprouvée.
"Web" constitue une parfaite entrée en matière, rassurante sur l'excellent état de forme des troupes avant un "Withered Hand" heavy à souhait qui devrait générer moult pogos en concert.
Avec "Turned Out Light" les Oh Sees rappellent qu'ils ont aussi été un très bon groupe garage et avec "Poor Queen" que Dwyer n'a pas son pareil pour enregistrer des mélodies immédiatement assimilables par l'auditeur.
"Lupine Ossuary" rassurera les fans de Carrion Crawler tandis que "Sticky Hulks" odyssée psychédélique de plus de six minutes surprend par la variété des ambiances qu'il convoque, un mille-feuille parfaitement maîtrisé.
Signe que les temps changent, l'acoustique "Holy Smoke" marque une pause dans le disque, sans doute pour mieux contrebalancer l'arrivée du frénétique "Rogue Planet". Si ces deux titres sont plutôt bons, ils ont aussi tendance à casser l'identité du disque, par leur formule plus classique et moins aventureuse.
L'exact contraire de "Palace Doctor" qui clôt parfaitement un disque de fort belle tenue qui, au fil des écoutes, s'impose comme un jalon de plus dans une discographie remarquable.
Frank
Tracklisting :
01. Web
02. Withered Hand
03. Poor Queen
04. Turned Out Light
05. Lupine Ossuary
06. Sticky Hulks
07. Holy Smoke
08. Rogue Planet
09. Palace Doctor
Audio et vidéo :
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