Celles et ceux qui n'ont pas apprécié ce vernis eighties risque d'en être pour leur frais avec ce Talent Night At The Ashram qui creuse un peu plus le sillon entamée avec Antenna To The Afterworld. Il n'est ainsi pas exclu que vous poussiez quelques cris d'orfraie à l'écoute de l'introduction de certains morceaux ("Cheap Extensions" ou dans une moindre mesure "Blot Out The Sun") avant, à n'en pas douter, de reconnaître le talent de Sonny Smith et de ses compères pour torcher de brillantes pop songs en dépit d'un enrobage sonore pour le moins singulier.
Et pour les quelques biches apeurées qui resteraient circonspectes, ce Talent Night At The Ashram, comporte moult compositions plus "conventionnels" de nature à les rassurer dans leur notion étriquée du bon goût (remarquer la limite entre bon et mauvais goût diffère sensiblement d'une personne à l'autre) : "The Application" à l'ouverture et au final très Beach Boys, "The Secluded Estate" qui sonne comme du Modern Lovers dépouillé (Jonathan Richman est à n'en pas douter une des influences majeures de Sonny Smith), "Alice Leaves for the Mountains" taillé pour les ondes ou la magnifique "Icelene's Loss"
Si les synthétiseurs restent omniprésents ils ne sont pas envahissants. L'orchestration est riche sur ce nouvel album, mellotron (le morceau-titre) et douze cordes étant même de sortie, contribuant à ce que chaque titre possède une identité forte sans que cela ne nuise à l'homogénéité du disque (2). Le timbre de voix, détaché, de Sonny Smith, élément commun à chacun des morceaux, y est sans doute pour beaucoup. C'est ce qui permet aux Sonny And The Sunsets de s'essayer à toutes les excentricités et ce avec un égal bonheur.
La géniale "Happy Carrot Health Food Store" qui renvoie autant à Kevin Ayers qu'au début des Camper Van Beethoven en est l'exemple parfait : tout au long de ses sept minutes le groupe multiplie les fausses pistes, les changements de rythme, en retombant miraculeusement à chaque fois sur ses pieds.
Le résultat est une nouvelle fois brillant et curieusement on s'en poindre une petite crainte : et si finalement ce travail d'orchestration au profit d'une pop colorée devenait la formule dans laquelle le groupe a toujours pris soin de ne pas s'enfermer ? Seul l'avenir le dira mais avec de tels orfèvres, on est quand même très serein.
Frank
(1) on retrouve sur ce nouvel album, Kelley Stoltz, Rusty Miller, Ian MvBrayer mais aussi Shayde Sartin (Fresh & Onlys) ou Garret Goddard (King Tuff)
(2) Apparemment ce disque a été conçu comme un projet cinématographique, chaque titre constituant en gros une scène ... A confirmer.
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