Disque d'un homme qui vient de passer des mois sur la route et qui éprouve à n'en pas douter le besoin de souffler, on est un peu surpris lors des premières écoutes. Non par le contenu, Morby n'en oublie pas son fonds de commerce habituel, l'héritage des Dylan, Lou Reed et consorts, mais par le son qui s'en dégage. Ce besoin de se reposer aussi un peu sur les autres explique-t-il la place plus importante prise par les autres musiciens ?
Si Harlem River était l'ouvrage d'un seul homme et bien que Still Life ait été entièrement composé par Morby, on sent le travail d'un vrai groupe derrière ces nouvelles compositions.
Cela n'est pas étranger au fait que le disque sonne moins folk et plus indie (comme sur "Drowning"). Ce qui en soit un peu amusant puisqu'Harlem River était le disque de son départ de New York et Still Life celui de son installation à Los Angeles.
Mais que l'on se rassure, Still Life ne montre aucun signe d'essoufflement de la part d'un Kevin Morby qui réussit à offrir un disque de bonne tenue. Il faut toutefois laisser un peu de temps à ce disque pour en apprécier tous les sucs. Toutes les pistes n'ont pas le charme immédiat de celles de Harlem River même si les quatre premières pistes ("The Jester, The Tramp & the Acrobat", "The Ballad of Arlo Jones", "Motors Runnin", "All Of My Life"), bien qu'orchestrées différemment, contenteront les fans de la première heure.
Le tournant vient avec "Drowning" qui sort l'auditeur de son confort, tournant le dos au classicisme des titres précédents. "Bloodsucker" qui semble émerger d'un épais brouillard, les arrangements de "Parade" ou le curieux "Dancer" (clairement le titre le plus faible du disque) risquent d'en désorienter plus d'un, qui regretteront le côté intemporel, la magie d'Harlem River. Il s'agit pourtant de bons titres mais pas ceux que l'on attendait de prime abord de la part de Kevin Morby.
"Amen", ses huit minutes et sa construction alambiquée donne ainsi l'impression curieuse que Morby a cherché à faire différent sans rien changer par ailleurs : cela commence sur des bases rassurantes avant un virage folk et pour finir l'irruption de cuivres !
"Our Moon" conclue le disque sur une note plus légère rappelant que le bonhomme oeuvre au sein des Woods et des Babies.
Même si on comprend que Morby n'ai pas voulu refaire un Harlem River bis, Still Life aurait parfois mérité un peu plus de simplicité sur certains titres. Ne faisons pas la fine bouche ce nouvel album reste un très bon disque qui mérite qu'on lui laisse sa chance.
Frank
Tracklisting :
1- The Jester, The Tramp & the Acrobat
2- The Ballad of Arlo Jones
3- Motors Runnin
4- All Of My Life
5- Drowning
6- Bloodsucker
7- Parade
8- Dancer
9- Amen
10- Our Moon
Audio et vidéo :
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