Une fois de plus, Rawpowermag' a profité de la tenue du Binic Folk Blues Festival pour interviewer un groupe: les Dinosaur Truckers, dont on vous avait vanté les mérites du dernier album en 2013.
Il est peu dire que les Dinosaur Truckers ont fait forte impression durant leurs 3 concerts durant le festival. Toutes cordes dehors (soit une guitare, un banjo, une mandoline, une basse ou une 2nde guitare, voire parfois une lap steel), le groupe ne s'est pas ménagé pour conquérir le public à coups de tubes country. Leur jeu de scène les emmène à travers la fosse avec l'instrumental "Mendigos armados", à scander d'incendiaires chœurs sur "Burn the Place to the ground", à placer une balade obscure avec "It's hellfire", ou à peaufiner de nouveaux titres comme "Ghost on a string" (qu'ils ont déjà joué avec Derek W Dunn de .357 String Band). A nos yeux, une des meilleures performances du festival, avec tout le respect qu'on a pour Bob Wayne...
Les Dinosaur Truckers: Tobi, Till, Daniel et Philipp |
Dans une rue parallèle à celle longeant le port, sur quelques marches devant une boutique sise derrière le "Neptune", le groupe vient se serrer. Philip, Till, Daniel et Tobi ont accepté avec plaisir de nous accorder un peu de leur temps pour évoquer leur début et la suite...
John the Revelator: Lors de vos débuts, vous étiez connu sous le nom de Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band. Est-ce réellement votre 1er groupe? Comment avez-vous commencé?
Dinosaur Truckers (Philipp): Non, on a eu un autre groupe avec un bassiste.
John the Revelator: Pour Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band, vous étiez 5 également non?
Dinosaur Truckers (Daniel): Oui, il y avait une saxophoniste: Judith.
Dinosaur Truckers (Philipp): Lorsqu'on s'appelait encore Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band, j'étais Pistol Pete...
Dinosaur Truckers (Till): On avait tous des surnoms idiots.
Dinosaur Truckers (Daniel): On ne se prenait pas au sérieux. On voulait simplement boire des bières, jouer des chansons de Johnny Cash... Puis, c'est devenu de plus en plus sérieux et nous avons trouvé que ce nom de groupe était merdique.
John the Revelator: Lors de vos débuts, vous étiez connu sous le nom de Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band. Est-ce réellement votre 1er groupe? Comment avez-vous commencé?
Dinosaur Truckers (Philipp): Non, on a eu un autre groupe avec un bassiste.
John the Revelator: Pour Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band, vous étiez 5 également non?
Dinosaur Truckers (Daniel): Oui, il y avait une saxophoniste: Judith.
Dinosaur Truckers (Philipp): Lorsqu'on s'appelait encore Pistol Pete & the Dixieland Highgrass Band, j'étais Pistol Pete...
Dinosaur Truckers (Till): On avait tous des surnoms idiots.
Dinosaur Truckers (Daniel): On ne se prenait pas au sérieux. On voulait simplement boire des bières, jouer des chansons de Johnny Cash... Puis, c'est devenu de plus en plus sérieux et nous avons trouvé que ce nom de groupe était merdique.
Dinosaur Truckers (Till): Les gens commençaient à nous connaître, mais on a décidé de changer de nom. C'était nécessaire.
D. : Dans notre ville natale, les gens continuent de nous appeler Pistol Pete...
P. : Mais seulement là!
T.: Nous n'avons pas de frontman ou de leadsinger, donc il n'y a pas de besoin pour un nom comme Pistol Pete AND the... On est UN groupe.
Dinosaur Truckers (Tobi): Nous faisons tous les 4 face au public.
JtR.: Vous avez commencé en 2006, c'est bien ça?
D.: Oui, en 2006 mais c'était uniquement pour le fun. Les choses sérieuses ont commencé en 2010 lorsqu'on a réalisé une tournée.
JtR.: Vous vous êtes sentis professionnels à partir de 2010. Donc, entre 2006 et 2010, qu'avez-vous fait? Vous aviez des jobs à côté?
T.: On travaillait ou on terminait nos études.
D. : Je faisais des études de droit.
T. : J'étudiais pour devenir instituteur.
P.: J'ai eu différents jobs, mais ça n'a pas vraiment marché.
To.: J'ai fait des études d'ingénierie mécanique.
JtR.: Et vous avez décidé que tout ça n'était pas pour vous?
To.: On a décidé de faire de la musique, au moins pendant 1 an.
D.: En 2010, on a tous quitté nos jobs ou fini nos études. On a choisi cette opportunité, en se disant qu'on ferait le point [au bout d'un an].
JtR.: C'est une décision assez lourde à prendre pour 4 personnes, il faut être sûr de s'accorder. Comment vous êtes-vous rencontrés les uns les autres?
T.: Daniel et moi sommes frères!
[rire général devant la surprise générée chez le pseudo-journaliste]
P.: Till et moi nous sommes rencontrés à l'école. On jouait des chansons folk dans la cave, on écoutait des vieux vinyles de Bob Dylan et Johnny Cash...
To.: Daniel et moi avions commencé à jouer dans un groupe de métal. On n'avait pas vraiment de nom... the Claymen? On a eu le temps de faire des répétitions mais on n'a jamais fait de concert. Daniel a quitté le groupe et je lui ai suivi un an près.
T.: Nous avons détruit leur groupe de métal! [rire]
D.: On faisait des tonnes d'argent aussi... [ironique]
T.: Mais ils n'on jamais vu l'argent! [rire général]
To.: Ils m'ont dit qu'ils avaient besoin d'un bassiste. Et, en plus, j'avais un sous-sol [pour répéter].
JtR: Vous venez de Kaufbeuren [une petite ville de Bavière]. A quoi ça ressemble? Était-ce facile de monter son groupe là-bas?
T.: Non, ce n'était pas facile. Mais nous étions chanceux car nous étions très bons amis. Autrement, ça aurait été impossible de rester ensemble, en tournée, dans le bus, tout le temps... Premièrement, le plus important était qu'on s'entende bien dès le départ. Deuxièmement, il n'y a pas tant de gens à Kaufbeuren qui écoutaient la même musique que nous: folk, country, rock... un certain mélange de tout ça. En fait, je crois qu'on était les seuls! [rire]
JtR: Qu'est-ce qu'écoutent les jeunes à Kaufbeuren?
P.: Plutôt de l'électro.
T.: Tout ce qui est à la mode: trans, etc.
D.: C'est vraiment une petite ville au milieu de nulle part.
To.: Il y a une toute petite scène locale de jeunes âgés d'environ 16 ans jouant du métal, mais c'est tout.
T.: Je ne pense pas qu'on puisse dire que les jeunes là-bas préfèrent un type de musique en particulier
P.: Il y a peut-être quelques groupes, mais pas de scène folk en tout cas.
JtR: Comment les gens ont réagi à votre musique? Ils adoraient, trouvaient ça nul ou s'en foutaient complètement?
P.: Ils aimaient plutôt ça!
D.: C'est vrai. D'un autre côté, il y a des fans de country qui nous disent: "Ce n'est plus vraiment de la country!" Et on n'apprécie pas beaucoup de point de vue.
JtR: Ils sont plutôt du genre à écouter uniquement Bill Monroe?
D.: Non même pas! Le problème en Allemagne, c'est dès que tu indiques que tu joues de la country, les gens attendent de toi que tu portes un chapeau de cowboy et chantes des trucs sur les cowboys, les rangers, les westerns... Ils veulent de la musique pour faire du line dancing. Et notre musique ne correspond pas du tout à du line dancing!
P.: Il y a une grosse scène pour ça en Allemagne, pour ces "weekend cowboys"...
T.: Ce sont des gens sympas, mais on n'a pas la même définition de la country.
JtR: Du coup, comment des musiciens de Kaufbeuren se retrouvent chez Flowfish Records [label qui a sortir leurs 2 premiers albums mais dont le "bureau" était à Hildesheim - au sud de Hanovre]?
P.: C'est un de nos potes!
[rire général à nouveau devant la surprise]
D.: Je crois qu'il vient de la même région que nous d'ailleurs. Nous le connaissons depuis longtemps. Il a entendu une des toutes premières chansons qu'on avait enregistrées, il a voulu nous signer et c'est comme ça que tout a commencé.
T.: Sérieusement, sans ce type, je crois que ce groupe n'aurait jamais pu se lancer. Et c'est toujours un très bon ami à nous.
D.: Avec son label, il avait plein de groupes différents, des percussionnistes africains... On ne rentrait pas parfaitement la "ligne" de son label mais il a fait un super boulot. Maintenant, on est chez Off Label Records parce que notre musique convient mieux à ce label.
JtR: Vous avez croisé Off Label Records lors d'une de vos tournées en Allemagne?
D.: Quelqu'un nous l'a recommandé. Par la suite, on lui a envoyé un email. Il a été très sympa : il avait déjà entendu parler de nous et souhaité nous faire signer sur son label.
JtR: Ça commençait à devenir de plus en sérieux. Du coup, vous avez commencé à étudier la country, vous documenter...?
P.: On a appris tous ensemble parce qu'on voulait avoir le son qu'on a aujourd'hui. Au début, on savait tous jouer de la guitare puis on s'est mis à vouloir jouer de la country, du bluegrass... Donc, j'ai commencé le banjo, Till a appris la mandoline, Tobi a choisi la basse, Daniel la lap steel... Evidemment, on a lu quelques bouquins mais je trouve que ça s'est développé de façon plutôt naturelle chez nous, en jouant et en apprenant tous ensemble.
JtR: Vous avez appris des choses grâce à d'autres groupes?
To.: On a forcément des influences, comme le .357 String Band ou d'autres groupes qui faisaient du speed slapping.
P.: Lors de nos débuts, .357 String Band était un groupe qui avait le plus d'influence sur nous parce qu'on a joué avec eux, on a vu leur énergie...
T.: En les voyant, on s'est dit "Hey, mais tu peux de la musique ET bouger autant sur scène en même temps!" C'est à partir de là qu'on a vraiment commencé à travailler notre show.
To.: On a un million d'influences!
[Inconvénient du direct dans la rue: un badaud un peu aviné ne peut s'empêcher de s'incruster... L'interview reprend maladroitement.]
JtR: Votre album date de 2013, est-ce que vous allez sortir un disque bientôt?
T.: On adorerait sortir un CD maintenant, mais on n'a pas arrêté d'être en tournée récemment.
JtR: Et, en plus vous partez pour une tournée aux USA c'est bien ça?
T.: On fait une tournée d'un mois aux USA et ensuite on prendra une petite pause. On regardera quelles opportunités nous sont offertes après la tournée.
P.: On a environ 7 chansons déjà prêtes et en attente d'être enregistrées.
JtR: Vous savez déjà où et comment vous voulez les enregistrer?
T.: Je pense qu'on veut tous l'enregistrer au studio où nous avons enregistré notre dernier album [NdA: le studio Yeah!Yeah!Yeah!, situé à Hamburg]. C'est un studio analogique et l'ingénieur du son, Dennis Rux, sait comment arriver à bien faire sonner le groupe. On n'a pas besoin de lui expliquer, même lorsqu'on arrive avec une chanson encore pas très "clean"...
P.: C'était une correspondance parfaite. Un pur accident de le rencontrer, mais c'était le "perfect match". On n'y était que pour une journée et on savait que l'album allait être génial!
T.: Il a aussi plein d'idées sur la façon dont nous devons travailler pour trouver notre son, en rajoutant des petites choses dans nos chansons... en nous disant "Essaye de le jouer comme ça", etc.
To.: Ça a été super facile avec lui, même pour des chansons compliquées à enregistrer en direct. Il y avait un vrai "confort" à travailler avec lui. Il n'y avait pas de stress.
JtR: Vous avez dit que vous l'avez rencontré "par accident"...
P.: Oui, ils sont venus nous voir lors d'un concert à Hamburg. Le studio était relativement récent, ils n'avaient pas encore enregistré beaucoup de groupes à l'époque, donc ils en cherchaient. De notre côté, on n'avait nulle part où dormir le jour d'après. Et il [Dennis Rux] nous a dit "On a un studio ici, pourquoi ne pas l'essayer pendant une journée? Vous pourrez dormir dedans si vous voulez..." Au début, on a surtout pensé "Yeah, un endroit où dormir!"
D.: Puis, on a enregistré une chanson ou deux...
P.: Et ça sonnait super bien, donc on a décidé de faire une session et c'était parti. Donc, oui "par accident".
JtR: Y a-t-il un musicien ou un groupe avec qui vous aimeriez jouer?
T.: On a des millions d'influence et on a déjà joué avec des tas de groupes géniaux mais méconnus.
P.: On a fait une tournée avec Jayke Orvis and the Broken Band, avec Derek W Dunn... Tous deux sont géniaux et fun. Je crois que les autres [avec qui on aimerait jouer] sont soit trop connus, soit morts!
[rires]
JtR: Dites m'en plus sur votre tournée américaine... Ce sera votre 1ère tournée là-bas, je suppose que vous avez hâte?
P.: Oh oui! On va tourner une semaine avec les Urban Pioneers, un show avec Joseph Huber [un autre membre du. 357 String Band]...
T.: Un show avec Lydia Loveless, et puis d'autres groupes américains dont j'ai lu les noms mais n'ai pas encore eu le temps d'écouter les morceaux... On a un show à Brooklyn avec un autre groupe...
JtR: Pour notre dernière question, il a une tradition sur notre site voulant que, lors de chaque interview, le groupe ou l'artiste attire l'attention sur un autre artiste/groupe injustement méconnu. Qui choisiriez-vous?
D.: Hmmm, sur Off Label Records, ils vont sortir le disque des Reverse Cowgirls. C'est un groupe hollandais, 3 mecs vraiment sympas...
T.: Oui, les Reverse Cowgirls. Je pense aussi à Joseph Huber.
P.: Tout le monde devrait écouter James Hunnicutt.
T.: Et le monde serait meilleur! [rire général]
To.: J'aurais dit la même chose.
JtR: Un grand merci à vous. C'était très sympa de votre part de m'accorder un peu de votre temps.
Dinosaur Truckers: Merci!
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Ne croyez pas que notre quatuor bavarois va s'arrêter en si bon chemin, il se murmure qu'une partie des enregistrements pour un single (avec Derek W. Dunn de .357 String Band) et un LP est déjà prête. Stay tuned!
John the Revelator
Vidéo:
Un résumé des 3 concerts grâce à ZiGGy (merci!)
Audio:
Le dernier album
Audio:
Le dernier album
Remerciements:
Encore une fois, sincères remerciements à tous les membres de la Nef-D-Fous. Si le festival de Binic est une réussite chaque année, c’est bien grâce à eux et à leur association.
Wahou ! Merci pour "ça" !
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