27 août 2014

Royal Trux - Thank You (1995)

Suite au split des Pussy Galore mené par Jon Spencer, Neil Hagerty décide de monter son propre groupe avec sa moitié, Jennifer Herrema. Riffs telluriques, hurlements, art du contre-pied et de la démolition en règle, la discographie des Royal Trux compte autant d'admirateurs que de détracteurs. Il faut dire que les premiers albums du groupe sont, même pour l'auditeur averti, assez éprouvants.
La volonté du duo d'opérer la déconstruction de la musique rock tout en faisant des citations des Rolling Stones ou de Captain Beefheart (Twin Infinitives était pensé comme un hommage à Exile On Main Street des Stones et Uncle Meat de Zappa !) à de quoi en rebuter plus d'un.
Après quatre albums sortis chez Drag City (Royal en 1988, Twin Infinitives en 1990, Untitled en 1992 et Cats and Dogs en 1993), qui ne voient que légèrement évoluer leur formule (même si Cats And Dogs fait évolué la donne et sonne plus "abouti" si tant est que ce terme ait un sens avec les Royal Trux), le groupe sort ce Thank You chez une major, Virgin.

Si bien souvent le passage chez une major est dénigré, synonyme de trahisons et de concessions au commercial pour beaucoup, cela offre aussi bien souvent l'occasion aux groupes qui saisissent cette opportunité d'enregistrer dans de meilleures conditions. Difficile à l'écoute de ce Thank You d'affirmer que le groupe cède aux sirènes du commercial ...
Enregistré avec David Briggs, collaborateur de Neil Young, ce disque est, à notre sens, ce que le duo a enregistré de mieux. Un David Briggs qui, aux dires des protagonistes, a su tirer le meilleur sans interférer avec la musique... sans que l'on sache vraiment quelle est sa part dans le mélange ici proposé par le duo.
Rythmique funky, gros riffs de guitare, les Royal Trux avec ce Thank You sortent un album de classic rock seventies qu'ils arrangent à leur sauce. Thank You, c'est en quelque sorte leur "It's Only Rock And Roll" à eux, et tant pis pour les amateurs du bon gout, car quand les Royal Trux font un truc, en général ils en mettent partout.

Mais que l'on se rassure, les Royal Trux restent fidèles à eux-mêmes et sur des bases archi-convenues, réussissent à tirer leur épingle du jeu, par la grâce (si si) d'une interprétation parfois bancale qui tranche avec la maîtrise dont font preuve les musiciens (bien aidés par Dan Brown à la basse, Chris Pyle à la batterie et Robbie Armstrong aux percussions).
Ajoutez à cela des paroles à ranger dans la catégorie "Parental Advisory - Explicit Content" et vous comprendrez que ce n'est pas avec ce disque que les Royal Trux ont cédé aux sirènes du commercial ...
Suffit d'écouter l'hallucinant "Map Of The City" pour s'en convaincre avec ces "A sailor has to masturbate / Until the ship lands" ou "And I saw her standing there / I knew right then that I could love her forever / Even when her breasts are rotted with cancer" ... (on avait bien dit que les amateurs de bon goût passeraient leur chemin).


Thank You est l'archétype du plaisir coupable, du disque qu'on aime en dépit du bon sens.

Frank

Tracklisting :
1- A Night to Remember
2-The Sewers of Mars
3-Ray O Vac
4-Map of the City
5-Granny Grunt
6-Lights on the Levee
7-Fear Strikes Out
8-(Have You Met) Horror James?"
9-You're Gonna Lose
10-Shadow of the Wasp


Audio et vidéo :







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