Pourtant, résumer ce groupe à Segall serait faire injure à ses compagnons de jeu. Déjà parce que Segall délaisse sa guitare pour tenir les fûts. Ensuite parce que Roland Cosio et surtout Charlie Moothart (Moonhearts, Ty Segall Band) ne sont pas des manchots.
Musicalement, le trio a choisi d'évoluer dans un univers quelque part entre Black Sabbath, le heavy psyché de la fin des sixties (Morgen par exemple) et les déflagrations d'un Blue Cheer. Moothart qui tient la guitare et qui avait contribué au son de Slaughterhouse, est le jumeau de Segall. Les deux doivent, on l'imagine sans peine, s'entendre comme larron en foire. C'est simple, si les deux avaient interchangé leurs places on aurait eu peu ou prou le même son !
Le disque prend d'entrée une dimension stratosphérique avec l'énorme "Earthen Gate", déluge de fuzz (forcément) que l'on aurait aimé d'ailleurs plus étiré même s'il dure déjà cinq minutes. C'est d'ailleurs le seul écueil du disque : les titres semblent avoir été écrits pour la scène, pour permettre toutes les improvisations possibles en live. Fatalement, le format étriqué d'un album studio réduit la portée de titres au potentiel scénique indéniable.
Mais ne faisons pas la fine bouche, on n'a pas souvent l'occasion d'entendre des titres comme "Sleigh Ride" (attendez vous à glapir des Isolation sans vous en rendre compte), "What's In My Head" titre qui porte peut être le plus la patte du Segall que l'on connaît en solo, "HazeMaze" à écouter à fond pour faire chier les voisins acariâtres, l'épique "Loose Sutures" qui contient un superbe solo de guitare ou encore "One"... Cet album ne contient pas une minute de trop...
Des titres comme "What's In My Head" ou "Raise" moins frontaux apportent cette petite variation subtile, une pause sans en être vraiment une, qui apporte une forme de respiration au disque.
Massif mais jamais monolithique, lourd mais surtout pas lourdingue, Fuzz est un incroyable album d'heavy rock à l'ancienne.
Si l'on retient forcément la présence de Segall, Fuzz est l'occasion de souligner le talent de Charlie Moothart, homme de l'ombre mais qui mérite que l'on reconnaisse que la réussite de ce disque est aussi la sienne.
Frank
Tracklisting :
1. Earthen Gate (5:00)
2. Sleigh Ride (3:11)
3. What’s In My Head? (3:54)
4. HazeMaze (5:50)
5. Loose Sutures (6:12)
6. Preacher (2:20)
7. Raise (3:43)
8. One (6:05)
Audio & video :
Fuzz au Point FMR :
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Très, très bonne chronique !
RépondreSupprimerPar pitié arrêtez vos chroniques, elles n'ont de cessent de mettre un terme à mes tergiversations. A chaque sortie d'album, je lambine face à mon écran d'ordinateur et je me pose le dilemme suivant: passer la commande ou ne pas la passer…le principal frein étant bien entendu le semblant de budget ''musique'' que je m'efforce de ne pas dépasser chaque mois. Et pourtant à chaque fois je me fais avoir ! Vous arrivez à convaincre les gens de la beauté de chaque album que vous chroniquez, et pour cela, je vous remercie.
RépondreSupprimerJe vais donc directement valider la commande de cet album, n'ayant pas de disquaire digne de ce nom capable de me fournir en sorties récentes.
Alex, lecteur assidue de vos articles et chanceux aillant vu le Sygall à Oakland assurer le concert ''acoustique'' (à dire vite) de Sleeper ;)
A noter un single bien cinglé avec une reprise de 21st century schizoïd man qui vaut le détour.
SupprimerSalut,
RépondreSupprimerPour moi, ces livraisons 2013 de Ty Segall s'avèrent un peu décevantes par rapport au millésime précédent. Ici, quelques guitares un poil trop classic rock. M'enfin, je chipote, ça reste quand même bien efficace.
(Et sinon, le gars des Moonhearts s'appelle Moothart ... y avait un piège :D)
Merde à chaque fois je me fais avoir avec Moothart :))
RépondreSupprimerJe corrige !
@Alexander : désolé pour vos finances (mon banquier aussi n'aime pas trop mes achats compulsifs) mais merci du compliment :))
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