Après le triplé gagnant (Hair, Slaughterhouse et Twins) de l'an passé qui l'aura vu changer de division des deux côtés de l'Atlantique, on était curieux de connaître la teneur de ce Sleeper.
Une des caractéristiques de Ty Segall étant cette formidable
capacité à surprendre là où on ne l'attend pas forcément. Twins avait
d'ailleurs montré quelques limites dans la formule du californien avec
quelques signes d'essoufflement ou du moins la nécessité de se
renouveler quelque peu.C'est donc tout à la fois emballé et circonspect que l'on a accueilli la nouvelle : le prochain album serait folk. Bigre. Même si on sait le talent du garçon, capable de passer des effluves glam de Goodbye Bread au heavy de Slaughterhouse, on peinait à l'imaginer en rejeton de Woody Guthrie.
Que les puristes se rassurent, il ne s'agit pas stricto sensu d'un album folk. On préférera parler d'un disque intimiste, qui fait la part belle aux guitares acoustiques, enregistré en solo chez lui, et assez éloigné des déflagrations sonores auxquelles le Ty nous aura habitué par le passé. Une atmosphère forcément induite par la récente disparition de son père.
Et pourtant, preuve du génie du garçon, ce disque est une nouvelle réussite.
"Sleeper", le morceau-titre, ouvre d'ailleurs
magnifiquement l'album : quelques notes de gratte, sur lesquelles Ty
vient poser sa voix traînante et permet d'entrer de plain pied dans
l'univers acoustique de ce nouvel opus.Et derrière c'est la claque "The Keepers" (Look in the mirror / see what you see / be what you be), qui rappelle les grandes heures du folk psychédélique sixties.
Mais ce qui surprend le plus, c'est la voix de Segall, qui se révèle enfin sans fard. On connaissait le songwriter (même si ne tombons pas dans l'excès Ty Segall n'est pas Nick Drake), on connaissait moins cette capacité à transcender des morceaux par la seule grâce de sa voix ("Crazy", morceau touchant quand il affirme "'cause he's here, he's still here").
"The Man Man" voit le naturel revenir au galop, puisque l'on passe de l'acoustique à la furia, contenue, de la fin du titre qui n'est pas sans rappeler Hair avec son compère White Fence. Il s'agira du seul titre où Segall fera appel à la fée électricité. "She Don't Care", dédiée à sa mère, est un titre qui manifestement lui permet de régler quelques comptes.
A ce moment du disque, "Come Outside" marque une pause. Pas un mauvais titre mais après les joyaux, chargés ou non en émotion, qui le précèdent, le titre sonne un peu creux. Pas bien grave quand déboule "6th Street" aux guitares aigrelettes et "Sweet C.C." bolanien en diable, qui renvoie aux premières heures du leader de T-Rex.
"Queen Lullaby" en mode lo-fi et "The West" avec ses emprunts à la musique populaire américaine, referment en douceur un disque qui ne sombre jamais dans le pathos, malgré le contexte forcément peu joyeux.
Ty Segall offre un nouvel album en tout point remarquable, une preuve supplémentaire du talent hors-norme de son auteur.
Frank
(1) Ty Segall (2008), Lemons (2009), Melted (2010), Goodbye Bread (2011), Slaughterhouse (2012), Twins (2012) sous le nom de Ty Segall ou Ty Segall Band auquel on ajoutera Horn The Unicorn (2008).
Reverse Shark Attack (2009) avec Mikal Cronin et Hair (2012)avec White Fence.
Tracklisting :
01 – Sleeper
02 – The Keepers
03 – Crazy
04 – The Man Man
05 – She Don’t Care
06 – Come Outside
07 – 6th Street
08 – Sweet C.C.
09 – Queen Lullabye
10 – The West
L'album en écoute :
Au risque de me décrédibiliser définitivement, je dois dire que c'est la première fois que j'accroche sur un disque de Ty Segall :)))))
RépondreSupprimerTssss... Hair avec White Fence ?
SupprimerOk, je me reprends : c'est la première fois que j'accroche sur un disque de Ty Segall sans White Fence ;)))
RépondreSupprimertrès bon album
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