On a tenu promesse : Rawpowermag’ était présent au Binic FolksBlues Festival du 2 au 4 août 2013, et ce, pour la 3ème fois consécutive. Comme d’accoutumée, Binic a permis à de nombreux festivaliers de découvrir et d’arpenter les chemins peu fréquentés du territoire du blues, très loin de ceux menant à des personnages médiatiques comme BB King (avec tout le respect qu’on lui doit pour ses 1ers enregistrements).
Comme lors de son dernier passage en 2012 sur Paris, David Evans était accompagné de Mississippi Gabe Carter. Si le 1er est une référence reconnue du monde de l’ethnomusicologie, professeur à l’Université d’Oxford (Mississippi) et de Memphis (Tennessee) et joue en public depuis 1962 ; le 2nd est nettement moins connu (voir Sources).
L’idée de faire découvrir ce blues man blanc résidant à Chicago, dont le chant peut rappeler Junior Kimbrough et son jeu celui de blues men de « l’école » de Bentonia (Jack Owens, Skip James…), nous a convaincu de nous jeter à l’eau en contactant l’association organisatrice du Binic Folks Blues Festival : la Nef-D-Fous... Moins de 15 minutes après un 1er email, la sentence tombait : c’était OK !
Habité d'une conscience « professionnelle » inébranlable, slalomant entre touristes en goguette et festivaliers souriants, remontant la foule à contre-sens (nos voisins belges appellent ça un « conducteur fantôme »),on peut se targuer de s'être placé régulièrement au 1er rang et d'avoir assisté à la quasi-totalité (5) des sets de Mississippi Gabe Carter.
Et s'il en est un à retenir, c'est bien celui du samedi soir.
La place de la Cloche, baignée d'une lumière bleutée, voyait une foule d'amateurs de blues dodeliner de la tête, se serrer les uns aux autres autour d'un Gabe Carter en grande forme, ravi d'être là, gérant les variations de rythme de chacune de ses chansons pour finir d'emporter son public dans un mélange de blues et de boogie sur son dernier titre... Une véritable salve d'applaudissements s'est ensuite faite entendre, répercutée par les façades des maisons donnant sur le port : un grand moment.
(photographie avec l'aimable autorisation de P. Erard)
Le lendemain après-midi, Mississippi Gabe Carter était disponible pour répondre à quelques questions. A la demande du blues man, la terrasse d'un fast-food local fera l'affaire...
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John the Revelator: Vous avez dit par le passé que vous avez commencé à jouer vers l'âge de 5 ans. Vous souvenez-vous des 1ères chansons que vous avez apprises ou jouées ?
Mississippi Gabe Carter: La 1ère chanson que j'ai apprise ? Je n'arrive pas à m'en souvenir... Ca devait être un truc que j'ai entendu quelque part et que j'ai essayé de reproduire en jouant sur une seule corde.
JtR: Sur un diddley bow?
MGC : Non. J'avais une guitare mais je ne savais pas vraiment en jouer. J'ai finalement réussi à reproduire les sons [de la mélodie] en jouant les notes sur une seule corde. C'est comme ça que j'ai commencé.
JtR: Avez-vous pris des leçons ou vos parents vous-ont il appris la musique?
MGC: Mon papa était pianiste. Il apprenait le classique et m'a toujours encouragé à être un musicien classique, que ce soit au piano ou à la guitare...
JtR: Donc, il vous a enseigné la musique, ou êtes-vous allé à des cours (ou autre) ?
MGC: Non parce que je refusais! (rigolant)
JtR: Vous vouliez embêter votre père en disant que vous refusiez de jouer du piano comme lui ?
MGC: Il voulait que je joue du piano car, pour lui, c'était l'instrument le plus important. De mon côté, il [le piano] ne m'intéressait guère... Je veux dire : je pouvais jouer du piano et me faire plaisir en jouant par et pour moi-même, mais il voulait que je prenne des leçons. Pour moi, avoir des cours rendait ça très ennuyeux. Ça n'était pas marrant du tout ! Le truc le plus sympa était de jouer, d'utiliser mes oreilles, de venir avec un son que j'aimais. Ce n'était pas cool d'étudier. Je n'aimais pas l'école d'ailleurs.
JtR: Vous n'aimiez pas être dans une classe.. ?
MGC: J'étais OK à l'école, j'avais de bonnes notes, etc. Mais je faisais le moins possible. J'ai eu queqlues soucis aussi.
(on récupère notre commande au fast-food, des gens passent à notre table pour saluer Gabe et se moquer gentiment de mon « interview »)
MGC: J'avais l'habitude d'écouter mon père lorsqu'il jouait du blues au piano. Il était capable de siffler du blues, de créer un blues... Je me souviens que ça m'intriguait. J'essayais de comprendre comment il y arrivait, comment il créait une chanson. Donc j'ai essayé de faire la même chose en « traduisant » de ma bouche à ma guitare.
JtR: Donc vous n'avez jamais vraiment appris les notes/accords ou des chansons spécifiques [au blues] ?
MGC: Non.
JtR: Vous jouiez en « accords ouverts » (open chords) quand vous étiez plus jeune, disons « depuis le début » ou est-ce que c'est venu bien plus tard ?
MGC: Quelqu'un m'a montré au début comment s'accorder en accord standard, donc j'ai commencé à jouer comme ça en premier. Puis, je me souviens que, alors que des personnes jouaient du blues [à côté de moi], je pouvais dire que ce n'était pas un accordage standard. Rien qu'à l'oreille je le percevais. J'étais un enfant et ça a été une vraie révélation pour moi. Je me suis dit « attends une minute, je peux entendre la ligne de basse... », alors j'ai détendu quelques cordes afin de l'ajuster [à ce que j'entendais].
Ça m'ait venu comme ça, en un instant.
Personne ne m'a jamais dit, ou montré, comment m'accorder de cette façon. Et je n'avais jamais entendu parler d'accords ouverts.
JtR: Quel âge aviez-vous à cette époque?
MGC: A peu près 15 ans.
JtR: Vous avez déjà fait, entre-guillemets, une « tournée » avec plusieurs artistes : David Evans, les 10 Foot Polecats...
MGC: Oui j'ai joué et joue encore avec différents musiciens.
JtR: Et, est-ce que vous avez déjà joué dans un groupe ?
MGC: Lorsque j'étais adolescent, j'avais un groupe.
JtR: Quel était le nom de ce groupe ?
MGC: Je ne pense pas qu'il a réellement eu un nom (rigolant).
JtR: Avez-vous sorti un CD ou autre chose ?
MGC: Non, non...
JtR: Donc, [ce groupe] restera dans la légende...
MGC: En fait, pour être honnête avec toi, J'ai visionné récemment une vidéo de moi et mon groupe. Ca a été filmé il y a très longtemps, je devais avoir 16 ans ou... et on jouait « Catfish » (souriant) et c'était plutôt bien !
JtR: Y a-t-il un musicien ou un groupe avec qui tu aimerais partager la scène pour un soir ?
MGC: Je pense que j'ai partagé la scène avec quasiment tous ceux que je souhaitais. Cependant, il y a encore tout un tas de gens que je ne connais pas. Je ne sais pas... Je suppose que, dans une situation imaginaire, je serais très heureux de jouer avec BB King !
JtR: Ça reste encore du domaine du possible.
MGC: Ouais! Je crois qu'il joue encore chaque année à différents endroits dans sa ville natale, Indianola dans le Mississippi. C'est une petite ville au milieu de nulle part... Lorsque j'étais gamin, il était mon « guitar hero » ! Et je n'ai jamais cessé de l'écouter [sur disque]. Mon album préféré lorsque j'étais enfant (c'était surtout lié au fait que c'était le seul album que je possédais de lui) était “Why I sing the blues”. Et je l'écoute encore en boucle !
JtR: A quel moment êtes-vous passé du blues « classique » au blues rural ?
MGC: Lorsque j'étais très jeune, il y avait toujours une part de mystère au sujet du blues, comme un retour en arrière vers un lieu inconnu... Tu t'en rends compte tout le temps, parce que tu entends des gens utiliser les mêmes paroles et jouer les mêmes choses. Tu es capable de dire que ça renvoie vers quelque chose dans le passé. A chaque fois, ça te renvoie en arrière, de plus en plus en arrière... Pour moi, c'est là où se trouve l'énigme / le mystère.
Tu sais, pour un enfant, c'est plutôt dur de comprendre [le blues]. Je n'entendais pas tant de gens que ça en jouer. A l'époque, il n'y avait pas d'internet, tu avais besoin d'une personne qui te fasse découvrir... Je n'avais personne comme ça dans mon entourage, mais je me pouvais me rendre compte qu'il y avait une part de mystère. J'étais le genre de personne qui voulait vraiment rencontrer quelqu'un [du milieu du blues rural], de tisser des liens, mais ce n'est pas arrivé jusqu'à ce que je découvre Jack Owens.
JtR: Faites-vous référence à des vidéos du documentaire “The Land Where The Blues Began” (« Le pays où naquit le blues »)?
MGC: Oui.
JtR: A partir de ce moment-là, vous avez commencé à collecter des tablatures de guitare, à lire des livres [sur le blues]..?
MGC: Non. Tout ce que j'ai fait, c'est d'écouter [des disques] non-stop. Tous les trucs sur lesquels je pouvais mettre la main, je les écoutais. J'ai essayé de chercher n'importe quel support, des vidéos, des enregistrements... N'importe quoi !
J'ai même fini par trouver un album sorti au Brésil, avec un nom un peu bizarre dont je n'arrive pas à me souvenir... Bref, c'est une compilation sur laquelle on trouve 2 titres [de Jack Owens] dont quasiment personne n'a entendu parler. A l'époque, je voulais trouver tous ses enregistrements, y compris des enregistrements privés par exemple.
Et dès que j'ai entendu tous ces enregistrements, tout a changé pour moi. C'étaient les connexions dont j'avais besoin.
JtR: Je sais que ton 1er album a été produit par un documentariste français, J-Y Munch, mais à propos de « French connection », peux-tu me raconter comment tu es entré en contact avec Ratel et commencé ta 1ère tournée en France ?
MGC: C'était de la pure chance ! J'ai réussi à avoir un billet pas cher pour venir en France, 160$ l'aller-retour, en 2009. Je voulais jouer dans la rue, revenir à l'hôtel et essayer de rencontrer des gens, je savais pas trop... Donc, je suis arrivé en France, et le 1er jour j'ai reçu un email de Ratel me demandant si je cherchais « un concert pour ce soir ». J'ai répondu:3non, je suis crevé, je suis un peu paumé, je ne peux pas... ». Je me suis ensuite rendu compte que la salle de concert était vraiment à deux pas de mon hôtel. Je pouvais voir le bar du coin depuis ma fenêtre!
Donc je l'ai rencontré le lendemain et j'ai accepté la proposition. Puis, Ratel a organisé d'autres concerts durant mon voyage et à faire en sorte qu'on entende parler de moi. Tout « groove » depuis ce temps-là.
JtR: Et à propos de Nicolas de Normandeep Blues Rds ? J'ai entendu dire qu'il y avait un album en préparation pour cet été, ou un peu plus tard...
MGC: J'espère bien!
JtR: Avez-vous déjà enregistré quelque chose ?
MGC: Non, on est en train de réfléchir à ce que je vais pouvoir enregistrer grâce à lui. En tout cas, ce sera un album complet.
JtR: Ce sera en CD, comme vos 3 précédents albums, ou peut-être en vinyle ?
MGC: J'en sais rien, peut-être les deux !
JtR: Parmi vos albums antérieurs, lequel est votre favori ?
MGC: Hmmm, c'est difficile de répondre. En tant qu'album, “Midnight Dream” est mieux structuré du début à la fin. “Until They Drag Me Down” n'est pas vraiment équilibré comme [devrait l'être] un album, avec un début et une fin... Mais certaines des chansons qui y figurent sont mes meilleures.
JtR: Savez-vous combien de titres seront gravés sur votre enregistrement ?
MGC: Là aussi, je ne sais pas. 10 à 15 je suppose.
JtR: Vous allez l'enregistrer chez vous en home-studio, quelque part aux USA, ou bien même en France ?
MGC: Aucune idée. Je voudrais revenir ici [en France] cet hiver, donc ça devrait être possible de faire quelques enregistrements ici en même temps. Mais, il est plus que probable que je l'enregsitre à la maison avec l'aide de mon ami, J-Y Munch.
JtR: Vous avez une idée précise de ce que vous souhaitez obtenir avec cet album ? Par exemple, aura-t-il un son proche des précédents ?
MGC: Je pense que je resterai sur les mêmes « rails »... Dans un futur [plus lointain], ça ne me dérangerait pas de faire quelque chose de vraiment différent. (silence) Peut-être. Je sais pas. (silence) Les gens ont l'air d'aimer ce que je fais, donc il n'y a pas de raison de changer ça.
JtR: D'autres artistes ont souvent répondu qu'on « ne peut pas faire tout le temps la même chose » etc.
MGC: Il y aura toujours une différence. Pour moi, il y a une énorme différence entre mon 1er et mon 2nd album lorsque je les écoute. L'essence est la même, mais les albums eux-mêmes sont différents. Si je pouvais m'enregistrer tous les 3-4 mois, on noterait une évolution du style.
JtR: En ce qui concerne vos chansons, la plupart d'entre elles aborde des sujets religieux, la perte de de quelqu'un, la peine... Comment les créez-vous ? Vous les écrivez sous le coup d'une inspiration soudaine, ou autre ?
MGC: Ça dépend vraiment de ce qu'il m'arrive, de ce que je ressens... En tout cas, je ne peux pas chanter une chanson sans que je la ressente.
JtR: Vous avez dit par le passé : « T'as pas besoin d'avoir eu une vie de merde pour jouer du blues »...
MGC: Hmm, et bien...(un peu gêné) Comme T-Model Ford disait: “Je jouais du blues mais je l'ai jamais eu ! » (riant) Et c'est vrai, tu n'as pas besoin de ramer toute la journée pour jouer du blues.
JtR: Vous avez un second job aux USA. Vous pouvez m'en dire plus ?
MGC: Je travaille comme charpentier. Pas à plein temps, peut-être un quart de l'année, plus ou moins. Le reste du temps est consacré à la musique.
JtR: Êtes-vous correctement payé lorsque vous exercez ce métier ?
MGC: Et bien, c'est payé correctement. Je ne suis pas un charpentier professionnel. Je ne suis pas formé pour ça et n'ai pas étudié plusieurs années la charpenterie. Les gars [qui ont étudié] peuvent se faire beaucoup d'argent par contre. Mais, d'après moi, je suis simplement le mec qui se montre au bon moment. (riant)
JtR: Ça sonne comme une série TV (pensant à “L'home qui tombe à pic” et riant). Est-ce que votre mariage a changé votre façon de jouer, ou vous a insipiré de nouvelles compositions ?
MGC: Oui complètement. Être marié a beaucoup à voir avec le fait d'avoir une relation plus proche avec Dieu. C'est une des choses les plus importantes [dans la vie]. La plupart d'entre nous sommes censés faire cela. (silence) La façon dont je vivais avant était mauvaise, parce que je faisais des trucs que je n'aurais jamais dû faire...
JtR: Des choses illégales, ou à l'opposé des règles du Christ ?
MGC: Je me suis toujours défini comme chrétien, considéré moi-même comme un chrétien, mais mes nombreux actes passés ont été faits selon ma propre vision égoïste. Je n'aidais personne [à l'époque].
Il y a eu un moment où je me suis rendu compte que Jésus disait (je ne me souviens plus des termes exacts) que toute personne venant le voir en pleurant « Oh Seigneur, Seigneur, Seigneur... » n'irait pas forcément au paradis. Ceux qui vont au paradis sont ceux qui suivent les enseignements de Jésus et les 10 commandements. Pour moi, c'est très important et c'est [en même temps] difficile à suivre dans toute situation. C'est un processus constant, personne n'est parfait.
Donc, oui clairement, mon mariage m'a changé. Ma relation avec Dieu est plus intime, et j'essaye d'écouter ce qu'Il désire me voir faire.
JtR: Si on regarde dans le passé, un grand nombre de blues men ont arrêté de jouer du blues de façon à mieux s'intégrer dans une communauté (où la religion est souvent très forte) et être autorisés à rentrer dans une église. En tant que croyant, quel est votre point de vue ? Le bleus est-il vraiment quelque chose qu'il vous est interdit de jouer ?
MGC: A mon niveau, je me dois d'être vigilant car, si tu dis des mots qui amènent quelqu'un à fauter, alors tu fais quelque chose de mal, tu fautes toi-même en fait... et tu finras par le payer un jour. Donc, je n'ai pas envie de faire ça. Dans le passé, quand ma vie était un vrai désastre, c'était facile de chanter n'importe quoi – enfin, des fois personne ne t'écoute (riant) – c'était facile de chanter des paroles mauvaises ! Des paroles qui offensaient Dieu !
Vraiment, je dois faire attention à ce que je chante. Pour moi, tout est relié à Dieu. Peu importe le sujet que j'aborde, des choses de la vie quotidienne ou bien spirituelles, ça a un lien avec Dieu. Je ne pense pas que ça ait besoin d'être « tout blanc ou tout noir », je ne pense qu'il soit nécessaire que 100 % d'entre eux arrêtent de jouer du blues, mais d'un autre côté certaines personnes ne savent pas se contrôler. Par exemple, je ne pouvais plus boire d'alcool il y a 3-4 ans car j'étais incapable de me contrôler. Maintenant, je ne fume plus de cannabis ou de cigarettes, je ne bois plus... j'ai arrêté tous ces trucs.
JtR: Ce fut un combat difficile...
MGC: Oui, ça concernait plus ma santé que tout autre chose pour être honnête. Je demandais alors à Dieu de m'aider, mais ce n'était pas une part de ma vraie relation avec Dieu car je vivais à ma façon. Maintenant, la boisson n'est plus une tentation. Il y a plein de tentations autour de nous, tu dois faire attention, peu importe qui tu es.
Une autre chose (à propos des gens abandonnant le blues pour rejoindre l'église) est l'un des 10 commandements : « garde [respecte] le jour du Sabbath », soit la période allant du vendredi soir jusqu'à la journée du samedi. Donc, en gros, 99 % des chrétiens ne font pas les choses correctement ! (riant) Des fois, je galère un peu pour essayer de gérer tout ça.
C'est important pour moi de pouvoir jouer le vendredi. Je n'ai pas de souci avec le samedi. Mais, lorsque je joue le vendredi soir ou durant la journée du samedi, je joue presque exclusivement des chansons à connotation religieuse.
JtR: Il y a un lien très fort entre certaines chansons de gospel et de blues [emprunt de couplet, rythmique similaire...]. Le gospel et le bleus partagent de nombreuses racines musicales et sociales.
MGC: Vrai. C'est effectivement la même chose. Le blues tient à dire la vérité, peu importe la manière, et ça doit venir de ton cœur. Lorsque je joue des spirituals, je sonnerai vraiment bien à l'oreille si je joue avec mon cœur.
JtR: D'autre part, il y a aussi le fait qu'on retrouve un notion d'espoir dans le gospel plus que dans le blues. En écoutant certains titres de blues particulièrement tristes, on ressent l'impossibilité de trouver une fin à une mauvaise situation. Dans le gospel, plusieurs d'entre elles parlent du temps de la « libération », de l'arrivée au paradis... il y a une sorte de but qu'il est possible d'atteindre à la toute fin.
MGC: C'est vrai, il y a plus [de notion] d'espoir.
JtR: Parlons un peu guitare et équipement. Tu as toujours joué sur cette guitare Kay ? Tu en changerais pour une autre un jour ?
MGC: Je ne sais pas. J'aime cette guitare (souriant). A chaque fois que j'ai changé celle-ci pour une nouvelle, je suis revenue à celle-là.
JtR: On a discuté tout à l'heure d'une Lespaul Goldtop de 1952 que tu avais remarqué dans un magasin aux USA... Elle coûtait aux alentours de 15000$ ! (riant)
MGC: Je ne crois pas qu'lle vaille réellement ces 15000$, en plus celle-ci (pointant sa guitare) est meilleure et ne m'a coûté que 300$ ! (riant)
JtR: Que pensez-vous de ces vieilles (et difficiles à trouver) guitares ? Vous pensez que ça vaut le coup de partir en quête de l'une d'entre elles ?
MGC: C'est la même chose quelque soit la guitare, mais peut-être plus particulièrement pour les guitares de 60 ans ou plus car [pour un même modèle] elles sont très différentes les unes des autres. J'ai joué sur de nombreuses guitares, et plus particulièrement [des guitares] du même modèle.
JtR: Vous souvenez-vous de l'endroit où vous l'avez achetée ?
MGC: Oui, dans une petie boutique de guitares. C'était en Pennsylvanie, pas très loin de New York. Elle était pas chère, même en ce temps-là [où les guitares étaient moins chères], je l'ai achetée à cause de ça d'ailleurs. Je voulais la revendre : elle était si peu chère que je pensais pouvoir en tirer de l'argent à la revente ! Donc, je l'ai achetée 300$ et l'ai mise en vente pour 500$.
Et je n'ai pas réussi à trouver d'acheteur ! Je jouais avec une guitare accoustique à l'époque, et c'était la seule guitare que je possédais donc je l'ai prise pour jouer dans la rue. Et j'ai adoré joué avec.
JtR: Avez-vous essayé de jouer sur un dobro [guitare à résonateur] ?
MGC: J'en ai eu une mais je l'ai vendu.
JtR: Vous n'aimiez pas le son, ou ça ne correspondait tout simplement pas à votre style ?
MGC: Je l'aimais beaucoup mais c'est le genre d'instruments que tu ne peux pas utiliser en toute circonstance.
JtR: Voici la dernière question (et je précise que vous n'avez pas le droit de répondre « Lurie Bell » parce que vous l'avez déjà fait dans une interview précédente) : il y a une tradition sur notre blog, voudriez-vous présenter à nos lecteurs(trices) un artiste/groupe injustement méconnu à vos yeux , de façon à le mettre un peu plus en lumière ?
MGC: C'est difficile d'en choisir un en fait ! (souriant)
JtR: Alors allons-y pour 2 ou 3 si tu préfères !
MGC: OK, donc #1, je commencerai par Lucious Spiller, il est de l'Arkansas – de l'autre côté du Mississippi, pas très loin de Clarksdale. Il joue en insufflant un vrai supplménet d'âme à ses morceaux. Il joue des reprises que tu connais, mais la façon dont il les joue et les chante est incroyable... Il a un côté sauvage lorsqu'il est sur scène et fait des trucs de dingues !
#2 serait... Kim Williams, un guitariste du Texas. Il est également révérend. Il a officié à mon mariage... Si tu aimes ma musique, tu aimeras la sienne.
JtR: Donc, #3?
MGC: Je connais un gars, il est vraiment cool et a besoin de plus de publicité. Il mérite l'attention. Il doit avoir a peu près 80 ans maintenant, son nom est Smilin' Bobby, et il est de Chicago. Mais je ne sais pas si tu seras capable de trouver des infos sur lui...
JtR: Et bien, je crois que le temps est écoulé : tu as un shooting photo d'ici quelques minutes. Je te remercie sincèrement pour avoir pris le temps répondre à toutes mes questions.
MGC: Merci, mec.
MGC: Merci, mec.
English Version:
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Remerciements:
Sincères remerciements à tous les membres de la Nef-D-Fous que j’ai pu côtoyer, en particulier à Marie et Ludo pour leur disponibilité et leur accueil. Si le festival de Binic est une réussite chaque année, c’est bien grâce à eux et leur association.
Salutations également aux deux photographes Philippe Erard (auteur de "Port Très Blues / Call of the Blues" - belle compilation de photographies des éditions 2009-2011) et ...? [je cherche toujours son nom], qui ont eu la gentillesse de m’offrir un souvenir de cette interview. Sans oublier le camping municipal de Binic, qui nous a fait l'immense privilège d'accepter une réservation (une très, très, très longue histoire...).
Vidéos : une partie du concert (samedi)
Achat de disques :
*KM Williams ( http://www.reverbnation.com/kmwilliams )
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