Pour ce 4e album, le groupe opte pour un disque, aux effluves eighties, qui a de quoi surprendre. Omniprésence des claviers, ambiance cotonneuse, il plane comme un parfum d'Angleterre sur ce disque à l'image de la pochette : multicolore et protéiforme.
Protéiforme, car si les claviers n'ont jamais été aussi mis en avant sur un disque des californiens, il ne s'agit que d'un des nombreux aspects de ce disque. Les pistes manifestement eighties sont d'ailleurs placées en début de disque : la splendide "Dark Corners", "Mutilator" qui se paye le luxe de sonner comme un inédit de Jesus And Mary Chain, période Darklands.
Mais le talent des Sonny And The Sunsets se résume moins à leur capacité d'interprétation, déjà hors-norme (il faut dire qu'avec à ses côtés un magicien comme Kelley Stoltz, ça aide), qu'à ce talent incroyable pour digérer des influences qui auraient été pesantes pour d'autres et ainsi s'ouvrir de nouveaux horizons.
Toutefois, si l'on ôte ce vernis, on retrouve la même approche qu'à l'accoutumée, le même attrait pour de jolies vignettes dont ils ont manifestement le secret. Ce Antenna To The Afterworld a beau sonner plus aventureux, il n'en demeure pas moins un disque des Sonny And The Sunsets reconnaissable dès les premières notes.
Et comme à l'accoutumée, tout est parfaitement maîtrisé, remarquablement agencé, malgré un exercice forcément délicat où d'autres depuis dix ans se sont cassés les dents. Si un titre comme "Palmreader" sonne mieux que l'intégralité du Skying de The Horrors, c'est sans doute aussi parce que ces nouvelles sonorités pour le groupe ne sont qu'un ingrédient de plus au cocktail habituel, au fonds sixties qui habite le groupe depuis ses débuts.
Il plane aussi sur cet album une ambiance que n'auraient sans doute pas renié les Camper Van Beethoven voire les Moldy Peaches sur certains titres.
Même quand le groupe se met à la ballade larmoyante, histoire sans doute de varier les plaisirs ("Path Of Orbit"), il arrive à nous faire aimer un morceau à mille lieux de nos centres d'intérêts habituels. "Path Of Orbit" a ainsi tous les oripeaux de la scie insupportable, dégoulinante de (plus ou moins) bons sentiments, mais interprété par le groupe, elle a au final tout du plaisir coupable, du morceau que l'on sifflera une fois que l'on se saura seul, afin d'éviter les railleries.
Et quand ce n'est pas le génie d'orchestration, c'est le timbre de voix de Sonny Smith qui dope des compositions musicalement assez basiques : "Girls In The Street" est la preuve que pour réussir un morceau cela tient finalement à peu de choses tandis que "Natural Acts" étonne tant on a l'impression d'entendre Caleb des Kings Of Leon chanter sur des nappes de clavier !
La deuxième partie du disque réserve son lot de surprises : "Death Scene", instrumental porté par un orgue à la Ray Manzarek, introductif à un "Primitives" le bien nommé, qui fait la part belle aux délires du claviériste tout en maintenant un groove impeccable grâce à des lignes de basses bien rondes. Pas à un contrepied près, "Void" convoque le spectre des groupes 4AD tandis que "Green Blood", au remarquable travail sur les voix, un dialogue entre Sonny Smith et Tahila Harbour finement orchestré, referme magnifiquement un disque en tout point remarquable.
Les Sonny And The Sunsets ne sont sans doute pas le groupe californien le plus médiatisé à l'heure actuelle, il peut néanmoins s'enorgueillir d'avoir construit jusqu'à présent une discographie sans faille.
Frank
Tracklisting :
1.dark corners
2.mutilator
3.palmreader
4.path of orbit
5.natural acts
6.girl on the street
7.death scene
8.primitive
9.void
10.earth girl
11.green blood
En écoute :
" Les Sonny And The Sunsets ne sont sans doute pas le groupe californien le plus médiatisé à l'heure actuelle, il peut néanmoins s'enorgueillir d'avoir construit jusqu'à présent une discographie sans faille "
RépondreSupprimerTellement vrai. Super album. J'aime bien le changement avec cette colorations 80's mais derrière, toujours la même assurance et des morceaux bien maitrisés qui passent tout seul.