22 mars 2013

Jacco Gardner - Cabinet Of Curiosities (2013)

Rarement on aura vu un artiste créer autant le buzz et bénéficier d'un tel soutien que Jacco Gardner. Tous les avis sont unanimes pour saluer le nouveau petit magicien de la pop.
Une situation assez surprenante pour un artiste qui n'avait alors sorti que deux 45T. Quand bien même les titres présents sur ces deux singles sont de véritables pépites d'une pop finement orchestrée, on ne s'explique pas vraiment, même si c'est mérité, l'enthousiasme généralisé pour le néerlandais y compris par une certaine presse pourtant si prompt à tirer à boulets rouges quand il est question de revivalisme exacerbé.
Car question revival, la pop baroque et symphonique de Jacco Gardner se pose là. Les influences sont évidentes : premiers Pink Floyd et l'oeuvre de Syd Barrett pour l'ambiance générale (on pourrait citer Kaleidoscope et Tomorrow pour faire bonne mesure), Left Banke et Millenium pour ce travail d'orfèvre, ce soin si particulier accordé aux arrangements ou Kevin Ayers dans ses moments les plus décalés.
Remarquez, dès qu'on cite Syd Barrett (ça marche aussi pour le Velvet Underground), on bénéficie toujours de la plus grande mansuétude.

Le poids des influences est d'ailleurs un des rares reproches que l'on pourra faire à ce disque qui a juste quarante ans de retard : Jacco Gardner peine a suffisamment s'écarter de cet héritage. Mais on a tellement rêvé d'écouter ce genre d'album à nouveau que l'on ne fera pas les pisse-foid à s'appesantir sur ce qui reste à nos yeux du domaine du détail tant le garçon fait preuve d'un rare talent pour trousser des mélodies imparables au charme délicieusement suranné.
Et n'oublions pas qu'il s'agit d'un premier album, nul doute que Jacco Gardner dispose suffisamment de qualités pour s'affranchir de ses influences par la suite.

D'ailleurs n'ayons pas peur des superlatifs : ce Cabinet Of Curiosities est en soi une réussite magistrale au contenu mirifique.
Qui peut se targuer à l'heure actuelle d'avoir sorti un album d'une telle beauté tant sur le fonds que sur la forme ? Personne à vrai dire.
Rehaussant ses pistes de clavecin, mellotron, flûte ou violons, Jacco Gardner mérite toutes nos louanges pour une raison extrêmement simple : loin d'utiliser ces instruments comme des cache-misères ou comme une touche d'exotisme, Jacco Gardner les emploie à bon escient et à chaque fois avec plein d'a-propos, apportant un réel plus à des compositions qui ne manquaient déjà pas d'atouts (il suffit pour s'en convaincre d'écouter la seule "Where Will You Go").

Comment ne pas succomber à l'écoute de merveilles comme "Clear The Air", l'intrigante "Puppets Dangling", "Where Will You Go", "Watching The Moon" (qui résonne comme un bel hommage au regretté Kevin Ayers), le morceau-titre "Cabinet Of Curiosities" sorte de pièce-montée de la pop symphonique que n'aurait pas renié un Curt Boettcher, "Lullaby", "Chameleon" ou "The Ballad Of Little Jane" ?

Sortir un tel disque à tout juste vingt ans a tout du miracle. Ne boudez pas votre plaisir et allez acquérir ce Cabinet Of Curiosities. Son écoute fait un bien fou.

Frank

Tracklisting :
01-Clear The Air
02-The One Eyed King
03-Puppets Dangling
04-Where Will You Go
05-Watching The Moon
06-Cabinet Of Curiosities
07-The Riddle
08-Lullaby
09-Help Me Out
10-Summer's Game
11-Chameleon
12-The Ballad Of Little Jane





3 commentaires:

  1. Vraiment un génial LP...
    Au rayon "ça me fait penser à", je rajouterais Eels, Air, Georges Harrison...en fait cet album synthétise le meilleur de chacun, alors, NON, "on ne fera pas les pisse-froid" !
    Ce serait indécent ;)

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  2. en plus, le vinyle est magnifique !

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  3. Vu en concert hier, fantastique.
    Jacco était visiblement ravi de jouer devant un public très enthousiaste. Incroyable qualité des harmonies, ses musiciens tout en restant fidèles aux compositions apportent une énergie absente sur le disque, un bond dans le passé, 1h en 1968 c'était génial.
    excellent souvenir

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