1 janvier 2013

The Fresh & Onlys – Long Slow Dance (2012)

Pas de doute, aucune hésitation : Long Slow Dance est un disque formidable. Tim Cohen et ses avatars, en groupe ou en solo, avaient déjà livré des disques excellents, mais là...

On n'a pas vu le coup venir, clairement, occupé sans doute à d'autres écoutes, distrait, fatigué peut être, bref, non, on ne l'a pas vu venir, ce coup là : le quatrième album des Fresh & Onlys est, osons le mot, un classique de la pop.

Bien entendu, il ne s'agit pas ici d'un d'un classique pesant, comme on en croise dans les discothèques idéales, et autres répertoires des cent, deux cent, mille albums indispensables du rock. Long Slow Dance est de la race des disques qui deviennent des classiques intimes, qui se signalent par leurs qualités d'écriture, et qui, grâce à elles, s'imposent sur la durée, et se font les familiers de l'auditeur.

Ce rôle de disque de chevet fut ainsi tenu, dans la décennie 90, par Frosting On The Beater des Posies, puis par Chutes Too Narrow des Shins, pour les années 2000.

Et une fois que l'on a dit cela, on n'a pas dit grand chose... Car ce genre de disque est bien difficile à chroniquer. Par où commencer, quand tout est bon ?

Par les chansons, tout simplement, peut être...sûrement ! Et peut être par « Presence Of Mind », qui, faux ami mais véritable perle, risque bien de jet-lagger l'auditeur : l'aller retour San Francisco- Manchester, négocié en trois minutes, peut, en effet, provoquer quelques vertiges. Les inflexions vocales de Tim Cohen évoquent Morrissey, les Smiths nous reviennent en plein tête, grâce à la rythmique élastique du morceau, et pourtant, l'hommage n'est pas forcé, tout est fin, d'une grande élégance.

L'élégance, voilà ce qui définit le mieux ce disque. Sans rien de guindé ni d'outré, les chansons  tombent toujours juste. Le piano de « 20 Days And 20 Nights » apporte ses notes idéales à une pop song désabusée. L'urgente « Yes Or No », quand à elle, témoigne de l'extrême cohésion du groupe. Chaque musicien s'y montre au point, le bassiste et le guitariste se montrant surdoués au « qui perd gagne », tant leur jeu économe produit ici un maximum d'effet. En 2'30, les Fresh & Onlys montrent qu'ils ont tout compris.

Bon sang, il faudrait citer chaque chanson ! Il est impossible de choisir entre la nervosité d' « Euphoria » et le romantisme de « No regard », aux guitares kaléidoscopiques. Tim Cohen semble prendre un malin plaisir à souffler le chaud et le froid. Bucolique, chaleureuse, « Dream Girls », avec son marimba et son intro joufflue, aux faux airs de Harvest, contraste avec « Fire Alarm », plus tendue, plus froide. Les deux morceaux se suivent, et l'on se rend compte de l'étendue du registre du groupe. Et quelle délicatesse : « Long Slow Dance » a le charme d'une aquarelle, avec sa tristesse délavée...

Suprême astuce de Tim Cohen : au moment même où l'on se dit que les morceaux sont excellents mais qu'il manque un petit quelque chose, débarque « Foolish Person ». Pendant près d'une demi-heure, toutes les chansons était parfaitement tenues, trop, peut être.. Cohen chantait ses histoires de cœur d'un ton détaché, les musiciens étaient parfaits. Il fallait que le glaçage cool craque. Tout lâche le temps de « Foolish Person ». Le leader des Fresh & Onlys balance : « I don't want to be a fool anymore ». Le travail sur les vocaux est très beau : tantôt naturelle, tantôt nimbée d'écho, la voix de Tim Cohen s'offre dans un miroir brisé. Comme lasse de ces fragilités, la guitare de Wymond Miles prend alors son élan, le temps d'une embardée magnifique... C'est un superbe morceau, vibrant d'énergie, et qui laisse l'auditeur pantelant. Charitables, les Fresh & Onlys concluent l'album sur un mini-morceau tout en douceur, « Wanna Do Right By You ».

Un son parfait, d'excellentes chansons, bien agencées, un ton très personnel : Long Slow Dance a tout bon. Voilà un excellent disque, signé par un excellent groupe. Après Play It Strange, Long Slow Dance : les Fresh & Onlys font partie des grands.

Bruno

Liste des morceaux :
1 - 20 Days And 20 Nights
2 -  Yes Or No ?
3 - Long Slow Dance
4 - Presence Of Mind
5 - Dream Girls
6 - Fire Alarm
7 - Executioner's Song
8 - No Regard
9 - Euphoria
10 - Foolish Person
11 - Wanna Do Right By You

Quelques titres en écoute ici :
http://grooveshark.com/#!/album/Long+Slow+Dance/8017177

Vidéos :



9 commentaires:

  1. Très belle chronique, c'est rassérénant les avis aussi tranchés !

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    1. @MC5 : merci du compliment ! Et en effet, pas de demi mesure sur ce coup là.

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  2. Je l'avais annoncé à Frank au mois de septembre dernier lorsque j'avais laissé traîner mes esgourdes sur ce disque : c'est le meilleur de 2012.
    J'ai toujours pas changé d'avis.

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  3. Un incontournable de l'année passée c'est évident.
    bravo et merci pour ce blog que je découvre, les quelques chroniques que j'ai pu lire me ravissent, et puis ... qui vénère JSBX a mon approbation immédiate!

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  4. Je serais bien incapable sans y réfléchir posément de déterminer un "album de l'année"... surtout quand je vois les disques de 2012 qui sont encore en attente de chroniques... je ferai un bilan en juin c'est plus sûr :)
    Bon ceci dit c'est un excellent album.

    @Virgile : merci ! ;) J'espère que l'on te fera découvrir quelques trucs (c'est un peu l'objectif de ce blog).

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  5. Un disque de l'année c'est trop dur, pour ce que j'ai écouté et sans doublons de même style, je retiendrais :

    Cosmonauts - If You Wanna Die Then I Wanna Die
    Ty Segall Band - Slaughterhouse
    Kadavar - Kadavar
    King Tuff - King Tuff
    Pop 1280 - The Horror
    Sonny & the Sunsets - Longtime Companion
    Thee Vicars - I Wanna Be Your Vicar
    The Fresh & Onlys - Long Slow Dance

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  6. Au moins tu ne mets pas le dernier Tame Impala dans ta liste, c'est déjà ça ;)

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  7. en concert au mois de juin !
    paris le 18
    genève le 23

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    1. Oui et enfin en tête d'affiche ! Je les ai vu deux fois à chaque fois en première partie (dans les deux cas c'était super).

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