Une collaboration mirifique avec White Fence (Hair qui restera à n'en pas douter un des albums de l'année), ce Slaughterhouse sous le nom de Ty Segall Band (avec un line-up composé de Mikal Cronin, Charlie Moonheart et Emily Rose Epstein) ainsi qu'un futur album à venir (septembre/octobre) sous son seul nom.
Mais le plus remarquable là dedans c'est que la qualité est réellement au rendez vous. A tel point que Hair et Slaughterhouse sont sans doute, à ce jour, les meilleurs enregistrements du blondinet (1).
Et c'est peu dire que les deux disques n'ont rien en commun. Pour qualifier ce disque Ty Segall parle d' "evil space rock", c'est indéniable à l'écoute d'une piste comme "Death" qui ouvre l'album et remet au goût du jour l'héritage d'un Hawkwind. "Evil" aurait pu aisémment être replacé par les termes "heavy" ou "noisy" qui collent parfaitement aux saillies que sont "Muscle Man" ou "Mary Ann". Alors que la morceau-titre "Slaughterhouse" renvoie aux débuts de Nirvana sur Bleach.
Ce Slaughterhouse est un disque massif et abrasif, très loin des mid ou down-tempo de Goodbye Bread. Mais on aurait tort de le résumer à cela. Il contient en effet suffisamment de gimmicks pop dans le chant pour garantir un potentiel mélodique et surtout on y trouve son lot de compositions marquantes. Mieux, chaque face (le disque présenté en double 10" en compte 4) contient au moins un morceau d'exception.
En face A c'est le tourbillonnant "I Bought My Eyes" à la rythmique impeccable. La face B après l'introductif "The Tongue", voit le groupe envoyer un "Tell Me What's Inside Your Heart" d'anthologie, sommet aux accents vaguement krautrock, sans doute un des meilleurs morceaux jamais écrit par le Ty et pourtant la liste commence à être longue ! Le genre de morceau qui reste longtemps en tête et dont on se surprend à fredonner l'air assez régulièrement. Sommet de sauvagerie, le bruitiste "Fuzz War" (le bien nommé) occupe lui l'intégralité de la face C tandis qu'en face D, le combo revisite quelques classiques.
"The Bag I'm In" de Fred Neil est assez méconnaissable sous ses oripeaux noisy même si Ty Segall semble s'inspiré de la version des Fabs et ne restera pas comme la meilleure interprétation dudit morceau. Remarquez, impossible de toute façon d'égaler la version de Fred Neil. Mais on retiendra surtout cette relecture assez délirante de "Diddy Wah Diddy" que Ty ouvre en annonçant clairement la couleur "Alright, here we go: extra fast" et qui s'apparente clairement à une impro finalement assez heureuse (on entend également Segall lancer un "Fuck this fucking song" avant d'avouer en fin de titre "I don’t know what we’re doing").
Avec ce deuxième album dans l'année, Ty Segall confirme la place à part qu'occupe le blondinet sur la scène californienne, celui d'un musicien talentueux et hors norme capable avec un égal bonheur de transcender les styles auxquels il s'attaque et surtout d'y apposer sa patte.
La marque d'un grand.
Frank
(1) si Melted et Lemons sont de très bons disques ils n'ont pas cette remarquable homogénéité et cette constance dans l'enchaînement de pistes de qualité. Ici comme sur Hair ce qui étonne c'est l'unité du disque ainsi que la maturité d'écriture. Après on peut aussi préférer ses disques garage.
Tracklisting :
Disc 1 : "Slaughterhouse"
Side A : Death / I Bought My Eyes / Slaughterhouse
Side B : The Tongue / Tell Me Whats Inside / Wave Goodbye
Disc 2 : Muscle Man
Side A : Fuzz War
Side B : Muscle Man / The Bag I'm In / Diddy Wah / Oh Mary
en écoute ici :
http://grooveshark.com/#!/album/Slaughterhouse/7953973
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