Joe et Fran CANFIELD décident d'organiser un concert de bienfaisance. Celui-ci étant prévu pour la rentrée suivante, les CANFIELD entreprirent donc immédiatement (tu m'étonnes, trois mois avant le jour J...) des démarches auprès de divers artistes. Certains agents firent même le premier pas et promirent la participation de leur(s) poulain(s).
Nos gentils organisateurs reçurent ainsi une « proposition qu'ils ne pouvaient pas refuser ». Il s'agissait du retour sur scène d'un des plus célèbres girl groups de la meilleure décennie musicale (non, non, pas les 80's !). Les agents de ce groupe mythique leur indiquèrent que les filles avaient un peu « changé » depuis les années '60. Mais bon, qui ne change pas en 20 ans, hein ? Et l'essentiel est que la magie demeure, pas le nombre de cheveux blancs ! Rock'n roll !
Bref. Septembre arriva, ainsi que le jour du concert...et le « célèbre » groupe. A dire vrai, les CANFIELD furent surpris de ne pas reconnaître physiquement les trois chanteuses présentes ce soir-là...
Et pour cause. Ils venaient d'être victimes d'une des plus célèbres escroquerie musicale du siècle ! Les filles purent néanmoins jouer sur scène ; après tout, elles étaient quand même là pour ça. Cependant, alors même qu'aucune d'entre elles n'avait fait partie du groupe d'origine, les filles se réclamèrent du bon vieux temps passé, comme si de rien n'était.
Elles furent « exfiltrées » très rapidement, afin de ne pas éveiller trop de soupçons parmi le public. Ce qui n'empêcha pas, par la suite, certains spectateurs présents ce soir-là de faire part de leur mécontentement aux
pauvres CANFIELD, complices malgré eux d'une belle arnaque...
Les « escroques » !
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Fin de l'hiver 1964.
Philadelphie – New York City.
George MORTON (connu sous le sobriquet de « Shadow Morton », pour sa capacité à ne jamais être joignable), jeune homme – il est né en 1940 – originaire de Brooklyn, est un musicos à la « ramasse ». S'étant essayé au chant à la fin des années '50, créant au lycée un groupe de doo-wop (« The Marquees »), George se morfond dans l'échec.
Un soir, échouant à tenter de rallier New York depuis Philadelphie en auto-stop, il se résigne à appeler un ami à l'aide. Ce dernier vint le chercher en voiture, George put enfin revoir la Grosse Pomme, ce voyage se révéla être le plus important de sa vie....
En effet, les deux amis discutèrent énormément durant tout le trajet. Parlant de choses et d'autres, le conducteur demanda soudain s'il se souvenait de l'accordéoniste rencontrée du temps des « Marquees », Ellie GREENWICH. Bien sûr que oui ! Que devenait-elle, cette bonne vieille Ellie ?! Oh, pas grand'chose. Elle écrivait désormais des chansons. Des bricoles du genre « Be My Baby » (ou bien encore « Da Doo Ron Ron » et « Chapel of Love » !)...
Le lendemain, la première chose que fit George fut d'aller chez un disquaire, constater de ses propres yeux les élucubrations de son pote. Les noms d'Ellie, de Phil SPECTOR (!) ainsi que celui d'un certain Jeff BARRY figuraient bien sur la pochette du disque des « Ronettes »...
Poussé par la curiosité sinon par la jalousie, George réussit à joindre Ellie au téléphone. Celle-ci l'invita à passer à son bureau au Brill Building, sur Broadway. Cet immeuble hébergeait en fait plusieurs dizaines de labels indépendants et d'équipes d'auteurs ; il donna par ailleurs son nom à un courant musical, la Brill Building Pop.
Justement, l'un de ces labels, « Red Bird Records », venait d'être créé par Jerry LEIBER et Mike STOLLER, auteurs de « Hound Dog », « Jailhouse Rock », « Stand By Me », etc. Spécialisé dans les « girls groups », genre très en vogue à l'époque, « Red Bird Records » réussit à placer onze de ses 30 premiers singles dans le top 40 en 64-65.
George rencontra donc Ellie ainsi que son mari et collègue...Jeff BARRY dans les locaux de « Red Bird Records ». D'après la légende, l'entretien se passa très mal, Jeff voyant d'un très mauvais oeil les retrouvailles des deux amis. La discussion dérapa très vite, mais George (qui avait fait partie d'un gang, « The Red Devils », tout un programme !) ne se laissa pas faire et tenta un coup d'intox : il déclara savoir lui aussi écrire des chansons ! « What kind of songs ? » lui demanda Jeff, qui n'était pas dupe de la forfanterie de George. Celui-ci lui répondit simplement « Hit songs... !».
Jeff lui accorda donc un délai d'une semaine pour leur apporter un hit. Littéralement fichu à la porte, George entra à nouveau dans le bureau. Nonchalamment, il demanda à Jeff s'il souhaitait « a slow one or a fast one ? ». BARRY opta pour un slow.
Super ! Une chanson à pondre en une semaine... Si ça n'avait été qu'une chanson : Shadow Morton devait en même temps se dégoter un p'tit groupe sympa pour l'interpréter...
Autant dire que la situation était désespérée ! Enfin, pas tout à fait...
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Hiver 1949 – Hiver 1964.
Cambria Heights, un quartier de Queens, NYC.
Mary WEISS a six semaines lorsque son père, qui travaille pour une compagnie de téléphone, se tue en chutant d'un poteau électrique. Benjamine de la famille, Mary (née en décembre 1948) a une soeur de deux ans son aînée, Elizabeth (Betty ou Liz), ainsi qu'un grand frère (né en 1940), George.
Mr WEISS n'ayant jamais souscrit aucune assurance, la famille se trouva fort démunie, l’hiver étant venu. Tandis que leur mère occupait plusieurs emplois afin de faire cuire les épinards, les enfants WEISS furent rapidement mis à contribution afin d'y mettre un peu de beurre (frais, de préférence).
Vivant dans un milieu défavorisé et devant donc exercer très tôt de petits boulots deci delà, la fratrie WEISS était avant tout unie par la musique. Faire partie de la chorale locale, écouter « The Everly Brothers », Elvis ou bien encore le gospel forment la jeunesse !
A deux pâtés de maison vivait la famille GANSER : Papa, maman et cinq enfants... dont les jumelles (nées en février 1948) Mary Ann et Marguerite, dite Margie ou Marge. Ces dernières jouaient du piano (elles y consacrèrent sept ans de leur jeune vie) ; Mary Ann apprit également à manier le manche de guitare.
Vous n'êtes pas idiots. Vous avez bien compris où je voulais en venir :
Les soeurs GANSER et WEISS, qui se connaissaient de vue et avaient les mêmes goûts musicaux, commencèrent à chanter ensemble. Fréquentant toutes le même lycée (« Andrew Jackson High School ») à partir de la rentrée 1963, une solide amitié naquit alors. Tant qu'elles y étaient, elles se lancèrent pour de bon dans la chanson, faisant le tour des soirées (lycées, clubs, etc.) du quartier, puis des autres quartiers de la ville, de New York, du monde ! Bon, ok, ok, je m'emballe.. !
Chaperonnées par George WEISS, qui leur servait de garde du corps/nounou/agent, les filles furent bientôt remarquées par un producteur, Artie RIPP, qui leur fit signer leur premier contrat chez « Kama Sutra Productions », en décembre 1963.
Mais il manquait un élément incontournable, fameux moment où tout groupe de musique s'est un jour interrogé : « Comment allons-nous nous appeler ?!». Elles choisirent le nom de THE SHANGRI-LAS (vite décliné en Shangs), du nom d'un restaurant du Queens.
Les Shangs, 1964 : Mary, encadrée par les sœurs GANSER.
Leur premier enregistrement, « Simon Says », fut effectué « en live » dans un club où elles avaient l'habitude de se produire. « Simon Says » resta dans les tiroirs (avant de ressortir courant 65), mais la performance eut l'air de plaire aux pontes de « Kama Sutra Productions ». Elles purent donc faire leur premier enregistrement en studio : « Wishing Well » en face A et « Hate To Say I Told You So » en face B, morceaux pour lesquels Betty assura le rôle de « tête de gondole », laissant les chœurs aux trois autres filles.
RIPP démarcha alors divers labels, avant que « Spokane Records » n'accepte de diffuser ce premier 45T. « Wishing Well » /« Hate To Say I Told You So » sortit au début de l'année 1964 mais ne rencontra que peu d'écho, à part dans Cambria Heights...
Bon, c'est sûr, ce n'est pas « Killing in the Name » de RATM, mais c'est sympatoche et ça se laisse écouter !
Ca me donne envie de louer un smoking et d'aller chercher Peggy Sue, une fleur à la boutonnière, pour l'emmener (dans la Ford « Mustang » du grand frère) au bal de la promo !
--- INTERLUDE ---
Bon, là, normalement, vous avez abandonné en cours de route et vous ne lirez pas la suite. Arf... Cela me fait beaucoup de peine. Sniiif !
Au fait, on vous a déjà dit que les chroniqueurs de RPM étaient payés à la ligne ? Je peux écrire n'importe quoi... et c'est le jackpot à la fin du mois ! Cool, non?!
Tac ! 3 lignes de plus !
A votre avis, comment Mr. Bof a-t-il pu s'acheter sa Bugatti « Veyron Super Sport » ?! Et Mr. Pop ? Vous a-t-il déjà montré les photos de sa deuxième villa à Miami ? Hein, hein ? Je pose la question !
--- FIN DE L'INTERLUDE ---
Fin de l'hiver 1964.
NYC.
« Shadow Morton » sortit du Brill Building avec une boule au ventre... Il réserva immédiatement une « plage horaire » dans un petit studio d'enregistrement à Bethpage (sur Long Island), là-même où les « Marquees » avaient tenté de faire parler d'eux. Il loua par la même occasion les services de musiciens de studio (dont le jeune Billy JOEL, au piano).
Se souvenant de Mary WEISS, qu'il avait rencontrée chez un ami commun, également passionné de musique, il partit à la recherche de la jeune fille et du reste du quatuor. Il retrouva la trace des Shangri-Las, qui se produisaient dans un club de Queens. Convaincu par leur prestation, il se faufila dans les coulisses afin de leur faire une (honnête) proposition. Il dut se coltiner le frère WEISS, chien de garde des quatre ados, mais put enfin rejoindre – en tout bien, tout honneur - ces dernières dans leur loge.
Il leur dit en substance : « J'ai un studio, j'ai des musiciens et j'ai un label. Faisons un disque ! ». Les filles acquiescèrent et il leur donna rendez-vous au studio de Bethpage pour le dimanche suivant, veille du jour fatidique !
La légende veut que, ce dimanche-là, « Shadow Morton » se rendait au studio (afin d'assister à l'enregistrement de ses nouvelles protégées) lorsqu'il se rendit compte qu'il n'avait pas écrit la chanson promise à Jeff BARRY...
Il gara sa voiture sur le bas-côté et se pencha enfin sur le problème. Oh non, ce n'était pas le moteur, mais plutôt l'angoisse de la page blanche...
Au final, les Shangri-Las purent faire une maquette en fin de journée, Mary étant aux commandes, sa soeur et les GANSER étant choristes (ce qui sera la norme pour 95% des chansons). Le lendemain, lundi, George revint d'un pas peu assuré chez « Red Bird Records ». Il fit écouter la démo à Ellie et Jeff, qui furent très enthousiastes, de même qu'à Jerry LEIBER, qui passait par là. Le boss demanda à George s'il était le producteur. Le quoi ? « Avez-vous dit à chacun ce qu'il devait jouer et comment ? Leur avez-vous dit comment chanter ? » précisa LEIBER. MORTON répondit par l'affirmative et c'est ainsi qu'il devint producteur.
La chanson était un peu trop longue ; quelques coupures (en particulier l'intro, dite par « Shadow Norton » himself) seront donc effectuées lors du mixage final.
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Avril 1964 – fin 1965
« All around the world ! »
Les Shangri-Las signèrent un contrat de 5 ans d'exclusivité avec « Red Bird Records » en avril 1964. Enfin, ce sont les parents GANSER ainsi que Mrs WEISS qui signèrent les contrats pour leurs filles, celles-ci étant encore mineures.
Par ailleurs, « Red Bird Records » eut maille à partir avec … Artie RIPP, qui ressortit le contrat signé avec « Kama Sutra Productions ». Un compromis fut finalement trouvé, mais cela n'augurait rien de bon, de façon générale, de la manière dont les filles auraient à affronter de futures batailles juridiques...
Bref.
Le 45 T. sortit enfin au milieu de l'été 1964, avec « Its Easier To Cry « en face B et la fameuse « chanson du dimanche » en face A, « Remember (Walkin In The Sand) ».
« Remember (Walkin In The Sand) » fut classé 11 semaines au Billboard Hot 100 (BH 100), atteignant la 5ème place le 26/09/1964 ; le disque parvint également au 5ème rang du Top 100 de « Cashbox Magazine ».
C'est chouette, les cris de mouette, non ?! Contrairement à ce que l'on dit parfois, ces cris de mouettes ne furent pas enregistrés sur la plage :« Shadow Morton » était très fort en effets sonores !
Les Shangris-Las continuèrent la tournée des clubs et des soirées étudiantes, Mrs GANSER les accompagnant sur la route, à travers tout le pays. Dès cette époque, Betty, la soeur aînée de Mary, demanda à ne pas être continuellement sur la route, du fait de ses engagements « privés » (officiellement, les études). Elle participa cependant à tous les enregistrements ultérieurs.
« Red Bird Records » souhaitant que les filles enregistrent de nouveaux titres, George MORTON est à nouveau mis à contribution. Il avait, heureusement, une petite chanson de côté, destiné à un autre girl group, The Goodies . Mais on lui fit comprendre qu'il se devait d'être « loyal » envers les Shangri-Las. Par ailleurs, si « Remember » devait marcher, il faudrait enchaîner sur une autre chanson, afin de ne pas perdre le chaland.
Les soeurs WEISS et les jumelles GANSER retournèrent donc en studio afin d'enregistrer...« Leader of the Pack ». Oui, oui, le même morceau qui sera classé (454ème) dans le top 500 des plus grands chansons du magazine Rolling Stone. Excusez du peu !
Voici le petit bijou. Désolé pour les rires et le « motard » : il s'agit de l'une des premières apparitions TV des Shangs, dans le jeu TV « I've Got A Secret », en octobre 1964.
J'ai hésité à mettre cette vidéo car le côté « comédie » ne colle vraiment pas avec le sujet de la chanson (spoiler : le boyfriend est rejeté par la famille de sa promise et se tue sur la route...). Cependant, c'est une étape importante dans la carrière des Shangs, car elles abandonnèrent aussitôt le set talons/chemiser/jupe plissée... Notez également les dialogues entre les filles. Ça deviendra leur marque de fabrique, chantée ou parlée.
Sorti au début de l'automne 1964, « Leader of The Pack » se hissa vers le sommet des charts, se classant n°1 du BH 100 le 28/11/1964.
On notera que, malgré la mini-tournée (sans Betty, comme d'hab) des Shangs en Angleterre à l'automne 1964, « Leader of The Pack » fut interdit de diffusion sur la BBC pendant une dizaine d'années...
Les choses s’accélérèrent pour ces « 4 Filles dans la Tempête des Sixties » (si, si, c'est de moi, j'en ai bien peur, et puis, « 4 filles dans le vent », ça faisait un peu « déjà vu »...). Elles durent dès lors affronter plus de tournées, plus de clubs, plus de shows TV, plus de fans, plus de cinglés qui auraient bien voulu en faire leur 4 heures, etc. [Parlons-en des tournées, Cela n'avait rien de professionnel, loin de là. Les filles étaient pratiquement livrées à elle-même (d'où l'intérêt du chaperon...). Un soir, dans un motel (façon « Identity », avec Ray Liotta !), Mary ne dut son salut qu'à l'épaisseur de sa porte. Elle acheta le lendemain un revolver, afin de se défendre...]
« Red Bird » décida rapidement de changer leur image ou du moins d’afficher leur vraie nature, celle de filles n’ayant pas eu une enfance facile, de « dures à cuire » jouant au billard et ne se laissant pas facilement berner par les garçons ! Les Shangris-Las acquirent dès lors une réputation de « tough girls », nées dans la rue (comme dirait l’ami Johnny), ayant crevé de faim et voulant à tout prix sortir de la zone. Comme quoi, ce genre d’histoire est éternel.
[Par ailleurs, l'histoire du revolver aida à façonner leur image : le FBI débarqua un jour chez les WEISS. Les Feds leur expliquèrent calmement que le fait de voyager à travers les 50 Etats américains avec une arme à feu constituait un crime fédéral... Mary déposa donc un beau jour son arme sur le bureau d'un quelconque sheriff de « province ».]
Les filles furent autorisés à dessiner leurs propres vêtements ; l'Histoire retiendra leurs bottes, leurs costumes de « Cosmos 1999 », les médaillons à leurs prénoms ou bien encore les combinaisons de cuir (inspirées du personnage d'Emma Peel), appelées « cats suits » (à cause des chemisiers à jabot blancs et des bottes blanches !).... Toute une époque. !
Les Shangri-Las, dans leur célèbre « cats suits » (1965) !
De gauche à droite : Mary Ann, Betty , Margie (la chef !) et Mary.
En février 1965, sort leur premier album, « THE SHANGRI-LAS (LEADER OF THE PACK) », qui reprend leurs morceaux enregistrés en 1964 :
Give Him A Great Big Kiss / Leader Of The Pack / Bull Dog / It's Easier To Cry / What Is Love? / Remember (Walking In The Sand) / Twist And Shout / Maybe / So Much In Love / Shout / Good Night My Love (Pleasant Dreams) /You Can't Sit Down
« Give Him A Great Big Kiss », classé 18ème au BH 100 le 30/01/1965, est mon morceau chouchou. Un peu comme « Ob-La-Di, Ob-La-Da », c'est une chanson un peu creuse que l'on écoute avec bonheur sur le chemin du boulot. Me rendant le sourire, elle me donne envie de bosser ! Mais je vous rassure, je l'écoute avec tout autant de plaisir (sinon plus !) le soir, sur le chemin du bercail !
Il existe plusieurs vidéos, mais celle-ci est historique : les 4 filles sont réunies, elles portent leurs « cats suits » et la chanson n'a pas été tronquée, ni au début (« When I say I'm in love, you best believe L U V !») ni, surtout, à la fin (« Is he a good dancer ? What do ya mean is he a good dancer ? Well, how does he dance ? Close, very, very, close... ») ! Groaaarr !
« Tell me more, tell me more » ! Ah, je ne m'en lasse pas ! Moi aussi, je veux être « good bad, but not evil » !
1965 est l'année phare de la carrière des Shangs. Non seulement elles reçoivent en début d'année deux disques d'or (pour « Remember (Walking In The Sand) » et « Leader Of The Pack ») et le titre de « meilleur groupe groupe de R&B de 1964 », mais elles ont de plus l'honneur de se se voir dédier une journée spéciale à la Foire internationale de New York, un monorail étant baptisé de leur nom ! Pour les cinéphiles, les « ruines » de la Foire de New York sont visibles dans « Men in Black », où on nous explique que les tours sont en fait des vaisseaux aliens...
Les filles feront par ailleurs des pub radio pour des cosmétiques, petits trucs rigolos que l'on peut entendre sur la compil' « Myrmidons Of Melodrama », sortie en 1994.
Alternant donc shows TV et tournées en solo (y compris à l'international) ou avec d'autres groupes (Jan & Dean, Beach Boys, Supremes, Byrds, Zombies, Beatles et Rolling Stones - cotoyés lors de leurs second séjour en GB, en mars 1965-, The Iguanas du jeune Iggy Pop [j'en reviens au flingue : avec Iggy dans les parages, c'est compréhensible qu'une jeune fille prenne ses précautions, pas seulement prophylactiques!]..!), les Shangs enregistrent dès qu'elles le peuvent.
Voici quelques-unes de leurs chansons de 1965 (classées, sauf erreur, par ordre chronologique) :
« Out in the Streets » (53ème au BH 100, le 01/05/1965) me file les jetons... Il y a des chansons, comme ça... brrrr !
« Give Us Your Blessings » (29ème au BH 100, le 03/07/1965).
« Right Now & Not Later » (99ème au BH 100, le 09/10/1965). Contrairement à ce que l'on pense, ce n'est pas une histoire cochonne ! Le clip est pourri, mais comme on nous présente les « 4 Fantastiques », autant en profiter !
« The Train From Kansas City » , face B de « Right Now & Not Later ». Ce morceau aurait mérité une face A.
« Right Now & Not Later » étant un échec (alors que c'est un morceau très agréable) les Shangri-Las retournent en studio. Il en sortira, en novembre 1965, l'une des plus belles chansons de la décennie, « I Can Never Go Home Anymore » (n°6 au BH 100 le 11/12/1965).
Alors là, si vous ne vous mettez pas à chialer, je ne sais plus quoi faire... Eh non, Macca n'a rien inventé avec « She's Leaving Home » !
En novembre 1965, leur deuxième album, sorti peu avant et sobrement intitulé « THE SHANGRI-LAS '65! », est réédité (la pochette changeant à peine) afin de profiter du succès de « I Can Never Go Home Anymore ». La chanson « The Dum Dum Ditty » est éjecté au profit du succès de cet automne 65 :
Right Now And Not Later / Never Again / Give Us Your Blessings / Sophisticated Boom Boom / I'm Blue / Heaven Only Knows / The Train From Kansas City / Out In The Streets / What's A Girl To Do / The Dum Dum Ditty / « I Can Never Go Home Anymore » / You Cheated You Lied / The Boy
Pendant ce temps-là, au Brill Building, « Red Bird » connaissait de gros problèmes financiers. On peut s'en étonner au vu du succès des groupes (les Shangs en tête!) faisant partie de cette écurie et donc des dollars amassés. Il se trouve malheureusement que les dirigeants du label étaient liés, bien malgré eux, à quelques « hommes d'affaires » aux costumes noirs à rayures et pompes bicolores... L'argent était donc siphonné vers d'autres comptes bancaires.
Quant aux Shangri-Las, « Shadow Morton » a un jour expliqué qu'elles n'étaient en fait qu'à la fin de la chaîne alimentaire du business, les auteurs étant à peine mieux lotis.... Les filles payaient de leur poches les frais engendrés par les tournées, du sandwich avalé en coulisse aux notes d'hôtels.
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1966-1968
NYC.
Fin 1965, « Shadow Morton » renvoya les Shangri-Las en studio, sans Mary Ann (qui souhaitait faire une pause).
Le single « Long Live Our Love » / « Sophisticated Boom Boom » se classa péniblement à la 33ème place en mars 1966.
Considéré désormais comme un faux pas au moment où la guerre du Viet-Nam prenait de l'ampleur, « Long Live Our Love » est simplement la chanson de la copine restée au pays, qui attend le retour de son amoureux. Vu comme ça, tout soldat envoyé à l'autre du monde serait ravi d'être attendu de la sorte et personne n'y trouverait rien à dire. Mais bon, les paroles « But a lot of people need you. /
There is trouble in the world » ont certainement paru pro-administration JOHNSON. C'est dommage que Jane FONDA ne l'ait pas chantée, celle-là. On en rigolerait encore !
Le son est pourrave, mais les costumes valent le coup ! Et puis, c'est une de leur dernière apparition à la TV...
« Sophisticated Boom Boom ». Je l'aime bien ce morceau. Un truc amusant, que demander de plus ?! Au fait, la voix vous semble moins nasillarde ? C'est normal, c'est celle de Mary Ann. Cette dernière chantait également « I'm Blue ».
Suivront « He Cried / « Dressed In Black », 45 T. sorti en avril 1966 puis « Past, Present And Future » / « Paradise » en juin de la même année.
« Dressed in Black » est un petit bijou. Que dire de plus ? Si. « So soft, so warm. » …
Quant à « Past, Present And Future », c'est du lourd. Le genre de chanson qui vous donne envie de vous jeter par la fenêtre. Si vous êtes dépressif, ce n'est pas avec ça que vous retrouverez le sourire.
Posé sur la « Sonate au clair de lune » de Beethoven, « Past, Present And Future » est une chanson anxiogène. La narratrice cache un lourd secret, dont on devine pourtant les contours :
« But don't try to touch me, don't try to touch me, 'Cause that will never happen again »
1966, année maudite : « Red Bird » met la clef sous la porte durant l'été. Cette société possédait de véritables pépites (sinon des mines d'or) mais était gérée comme une pizzeria grenobloise. Tout fut vendu à l'encan, catalogue compris. Un véritable gâchis.
« Shadow Norton » s'en alla donc chez « Mercury », accompagné de Mary, Betty et Mary Ann (qui marquait ainsi son retour). Les Shangs abandonnèrent au passage leurs célèbres costumes et se vêtirent « normalement ».
Les Shangri-Las, période « Mercury ».
Leader naturelle du groupe, Margie refusa de les suivre au motif qu'elle en avait assez d'être sous-payée et sous-estimée. L'absence de cette grande gueule, qui motivait et cimentait les Shangs, précipita certainement le déclin puis la chute...
Une des premières choses que fit leur nouveau label fut... de sortir une compilation en décembre 1966, « GOLDEN HITS OF THE SHANGRI-LAS » :
Leader Of The Pack / Past, Present And Future / Train From Kansas City / Heaven Only Knows / Remember (Walking In The Sand) / Out In The Streets / I Can Never Go Home Anymore / Give Him A Great Big Kiss / Long Live Our Love / Give Us Your Blessings / Sophisticated Boom Boom / What Is Love
Deux singles furent quand même enregistrés :
« Sweet Sounds Of Summer » / « I'll Never Learn », sorti en janvier 1967, ainsi que « Take The Time » / « Footsteps On The Roof », disponible en mai suivant.
« Sweet Sounds Of Summer », très pop, avait tout pour devenir un tube. Il se classa 123ème au BH 100. Autant dire qu'il était quasiment invible !
Ironiquement, lors de leur dernière apparition TV en mai 1967, les Shangs interprétèrent leur dernier succès chez « Red Bird », « Past, Present And Future ». Bref...
Si « Long Live Our Love » avait été maladroit, « Take The Time », de qualité moyenne, est carrément une erreur stratégique ! On passe du « Support our troops » à « Support the war » ! Autant dire qu'il n'a pas eu un succès considérable à quelle semaines du célèbre « Summer of Love » !
En comparaison, « Footsteps On The Roof » est un vrai plaisir, qui aurait mérité la face A.
Profitez-en car c'est la dernière chanson des Shangri-Las...
Jusqu'à la fin de l'année, les Shangris-Las restèrent sur la route, participant même à la « James Brown Revue » à Madison Square Garden. « Shadow Morton » les ayant abandonnées, suite à l'échec de « Take the Time », aucune séance d'enregistrement ne sera plus programmée. Le plaisir de chanter et le frisson de la scène disparaissent tandis que le désir de mener une vie normale devient prégnant. D'un commun accord, les filles décident de faire une pause fin 1967. Ce break s'est en fait éternisé...et 1968 marque officiellement la fin du groupe.
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1968-2012
Liées par un contrat pervers (quaisement “revolving” !), les filles ne pouvaient pas remonter sur scène avant la fin des années 70.
Mary partit à San Francisco et devint hippie pendant quelques mois. Betty trouva un travail dans une brasserie. Margie reprit ses études tandis que Mary Ann préféra rester à la maison, profiter de sa famille et de ses amis.
Toutes quatre retrouvèrent ou plutôt découvrirent une simple vie de jeune fille, dont elles avaient été privées pendant 3 ans : flirts, soirées en “clubs”, etc. Une soeur GANSER raconta plus tard qu'elle avait participé à des dizaines de bals de promo en tant que chanteuse alors qu'elle n'avait même pas pu se rendre à son propre bal...
De santé précaire, Mary Ann est décédée en mars 1970, d'une encéphalite. Betty, après avoir travaillé dans les cosmétiques, devint femme au foyer (elle est la seule à avoir eu un ou des enfants). Margie entra dans une compagnie de téléphone, tandis que Mary, après avoir été secretaire dans un cabinet d'architectes, se lança dans une brillante carrière de décoratrice d'intérieur.
En 1977, les trois Shangs survivantes se retrouvèrent à nouveau en studio et remontèrent même sur scène (avec Debbie Harry) mais l'expérience en resta là.
Les filles retournèrent à l'anonymat jusqu'en 1988 et l'épisode des fausses Shangri-Las ! De procès en procès, les Shangs d'origine furent à deux doigts de perdre leur identité... La bataille finit par un score nul.
Quoiqu'il en soit, à la demande de leurs fans, les Shangri-Las firent une dernière prestation scénique en mai 1989, reprenant à la joie de tous leurs plus grands tubes.
Margie perdit son combat contre le cancer en juin 1996. Désormais deux, les Shangs tirèrent un trait sur leur passé, Betty refusant toute sollicitation.
Mary, après avoir survécu au 11-Septembre (elle avait un rendez-vous d'affaires à deux pas du WTC...), retrouva les chemins des studios en 2006. Son album, “Dangerous Game” sortit en mars 2007 et connut un succès d'estime.
Elle est désormais la gardienne de la mémoire des Shangs.
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Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la vraie musique (c'était juste après ma période “Forbans”), je me souviens avoir lu souvent le nom “Shangri-Las “ dans les revues ou livres sur les divers courants musicaux des années 60. Leur costume et leur nom ridicule me laissaient penser que ce groupe ne méritait pas que je m'y intéresse, au même titre que Sheila ou Les Parisiennes. Jeune sot.
J'avoue avoir découvert véritablement les Shangs il y a un peu moins de six mois. Pour mon plus grand bonheur.
Mes hommages, Mesdemoiselles.
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Que reste t-il des Shangris-Las ? Ce groupe est désormais considéré comme proto-punk ! Elles ont influencé les New York Dolls, Blondie ou bien encore Amy Winehouse et Aerosmith a même repris « Remember (Walkin In The Sand) » !
Les reprises ne se comptent donc plus, de même leur présence dans diverses BO sans compter les références visuelles dans les clips vidéos.
Les Shangs n'ont jamais sorti un album-concept pour la simple et bonne raison qu'elles étaient elles-même un groupe-concept. Chantant les angoisses de l'adolescence, les Shangri-Las transcendent les générations. Un ado de 2012 s'y reconnaîtrait également.
Car de quoi s'agit-il ? Invariablement, Mary/Betty a un petit copain nommé Jimmy ou Johnny. Ce petit ami ou simple flirt est beau et danse bien (« Give Him A Great Big Kiss ») mais n'est pas accepté par la famille car il a mauvais genre (« Leader of the Pack », « Dressed in Black »). Un beau jour il part au service militaire (« Remember (Walkin In The Sand) ») puis il monte au front (« Long Live Our Love »).
Mais Mary/Betty est peut-être déjà passée à “autre chose”. Afin de chasser sa tristesse (« I'm Blue »), elle s'encainaille en boîte de nuit (« Sophisticated Boom Boom »), où elle est peut-être agressée (« Past, Present And Future »). Dotée désormais d'un nouveau fiancé, qui la délaisse pour d'autres (« Right Now & Not Later »), elle voit soudain revenir son ex (« The Train From Kansas City »). Ce dernier – ou le suivant - avait d'ailleurs quitté son gang par amour ; mais sa bande de loulous lui manquait et Mary/Betty avait accepté de le voir retourner dans la rue (« Out in the Streets »).
Parfois, Mary/Betty n'a pu convaincre ses parents de la bonne foi de Jimmy/Johnny. Elle s'enfuit (« I Can Never Go Home Anymore ») avec lui, mais les deux tourtereaux meurent dans un accident de voiture (« Give Us Your Blessings »), à moins que Jimmy ne se soit tué à moto (« Leader of the Pack »). Etc, etc.
Grâce à cet article, j'ai changé d'avis. Les Shangris-Las représentent plus que de simples jolies filles chantant des chansons gnangnan. Elles étaient et elles demeurent pour toujours le symbole de cette période cruciale de la vie, de cet âge dit bête qu'il nous faut traverser bon an, mal an, en serrant parfois les dents.
Mr Cocktail
-o-O-o-
N'ayant pas la science infuse, j'ai naturellement compilé et croisé des infos récupérées sur le net. Voici quelques-unes de mes sources, en espérant ne pas avoir pris de liberté avec l'Histoire ni (trop) pillé les écrits de mes prédécesseurs !
En anglais :
Le site d'un fan : http://www.theshangri-las.com/
La bio complète : http://www.redbirdent.com/slas1.htm
Interview de Mary Weiss : http://www.nortonrecords.com/maryweiss/index.php
La page Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/The_Shangri-Las
Interview de Shadow Morton : http://www.theshangri-las.com/Shadow%20Morton%20interview.htm
En français :
http://www.petit-bulletin.fr/lyon/musique-soirees-article-32572-Rock-Academie.html
http://buzz.corporations.free.fr/bios/shangri.htm
http://basnylonetmusiqueretro.wordpress.com/2010/05/14/les-shangri-las-le-chef-de-la-bande-est-une-femme/
http://autre.chose.over-blog.com/article-the-shangri-las-l-ultime-girl-group-103587447.html
http://le-club-des-mangeurs-de-disques.blogspot.fr/2011/11/shangri-las-myrmidons-of-melodrama.html
http://www.fouderock.com/60/shangri_las.html
http://www.ed-wood.net/ed-disco-shangri-las2.htm
http://vultureculture.fr/blog/the-shangri-las/1508
Chapeau bas monsieur Cocktail!
RépondreSupprimerJohn the Revelator
Joli travail !
RépondreSupprimerMouais...Vis à vis des impôts, j'aurais préféré qu'on taise mon acquisition résente d'une Bugatti !
RépondreSupprimerA la vue de cette chronique fleuve (!), on se dit que Mr Cocktail, s'il n'en écrit pas souvent, lorsqu'il se lâche, il en fout partout ^^
Bon, si j'ai bien calculé : vu qu'on est payé à la ligne, Mr Cocktail vient de rembourser son prêt sur 25 ans pour sa maison... Je devrais écrire plus!
RépondreSupprimerPar contre, faudra m'éclairer sur la gestion digne d'une pizzeria grenobloise?!? :P
John the revelator
Un article impressionnant ! Bravo, Mr. Cocktail !
RépondreSupprimerabsolument.Plus je les écoute plus j'adore
RépondreSupprimerune epoque ou les filles etaient encore des filles
past present future
tres bel article auquel j'adhere a 100%