The Horrors - Skying (2011)

The Horrors est un un groupe étrange. Là où d'autres recyclent bêtement la même formule au gré des albums, eux ont décidé de changer de style après chaque LP. Ainsi si le premier opus (Strange House) oscillait entre garage rock et decorum gothique, le deuxième (Primary Colors) explorait la cold wave quelque part entre Joy Division et le Cure de Pornography.
Fidèle à leur réputation, le groupe navigue désormais dans le revival eighties. Effet de mode ? Pas vraiment car contrairement aux Strokes et autre Blue Van on ne saurait taxé les Horrors d'opportunisme surtout que fidèle à leur réputation le groupe cherche à avancer, puisant allègrement dans le creuset Madchester, l'agrémentant d'un soupçon de pop (Pulp et Echo & The Bunnymen pour l'essentiel) et même krautrock.
Les morceaux sont remarquablement construits et l'écriture (enfin la relecture) toujours incisive.

Et pourtant ce disque est raté. A tel point d'ailleurs qu'à défaut d'évoquer les Echo & The Bunnymen certains titres sonnent comme du Simple Minds ("Still Life")...
Le groupe a beau empiler les couches d'instruments, Badwan chanter avec conviction (mais surtout avec parfois une emphase que l'on ne lui connaissait pas) rien y fait, l'ensemble ne dégage aucune saveur, rien ne retient véritablement l'attention.
C'est le cas notamment d'une entame de disque solide à défaut d'être convaincante ("Changing The Rain", "You Said", "I Can See Through You", "Endless Blue"). Pire certains titres sont soporifiques : quelqu'un a-t-il réussit à finir d'écouter "Dive" en entier sans appuyer sur forward ?
Le single "Still Life" est assez révélateur du malaise : si le titre assez scolaire fourmille d'idées, jamais celui-ci ne décolle, comme si le groupe avait peur de lâcher la bride, alors même que l'auditeur attend l'explosion à chaque montée de claviers. Le résultat s'avère d'une rare platitude.
Le pire reste la deuxième moitié de l'album dont on ne retient que peu de choses. Enfin deux pour être précis :
"Moving Further Away" pièce de 8 minutes qui interpelle tant on est loin de "Sea Within A Sea" de Primary Colors et "Monica Gem" morceau plus rock (assez incongru d'ailleurs au vue du reste du tracklisting) qui a juste le bon goût de nous rappeler fugacement l'époque Strange House...

Comment un groupe qui avait su nous charmer avec Strange House, nous enthousiasmer avec Primary Colors, peut-il nous décevoir autant avec ce Skying ? Plusieurs raisons à cela.
Tout d'abord ne nous voilons pas la face on espérait beaucoup (trop?) du groupe après des exercices précédents de grande qualité. La déception est donc à la mesure de notre attente. Pourtant les écoutes successives auraient dût entamer cette déception et nous permettre de réévaluer à la hausse le disque. Après près de quinze jours d'écoute, le constat est cruel : notre avis sur le disque n'a pas évolué d'un iota.
Est-ce la nouvelle direction musicale prise par le groupe ? Il y a un peu de ça effectivement. Simple Minds n'étant pas spécialement en odeur de sainteté dans ces colonnes... Mais cela n'explique pas tout et l'on doit bien reconnaître que quelque chose manque à ce disque pour que l'on puisse si ce n'est adhérer au changement de cap au moins reconnaître que le disque est bon : une âme, ce qui fait que l'on se sent concerné à l'écoute d'un disque mais aussi et surtout du dynamisme ce qui manque cruellement à ce Skying. Constat amer sur un groupe que l'on apprécie.
Nul doute néanmoins que The Horrors a suffisamment de talent pour nous surprendre à nouveau.

Frank

en écoute ici :
http://www.deezer.com/fr/music/the-horrors/skying-1183073

Tracklisting :
1. "Changing the Rain"
2. "You Said"
3. "I Can See Through You"
4. "Endless Blue"
5. "Dive In"
6. "Still Life"
7. "Wild Eyed"
8. "Moving Further Away"
9. "Monica Gems"
10. "Oceans Burning"

Peu de vidéos avec un son correct mis à part le single :