On ne commencera pas cette chronique sans évoquer brièvement la pseudo polémique qui semble agiter la blogosphère au sujet du choix du producteur. Oui pour la première fois le groupe fait appel à un producteur. Oui ce dernier n'est autre que Mark Ronson qui a produit Kaiser Chiefs, Amy Winehouse et Duran Duran... Si on parle de pseudo polémique c'est que l'on ne voit pas l'intérêt d'évoquer le travail de Mark Ronson. Et pour cause puisque cela ne se ressent absolument pas à l'écoute de cette nouvelle livraison des texans. Arabia Mountain ne marque pas une évolution dans le son du groupe qui effectivement s'éclaircit un peu plus mais ne traduit que l'évolution logique d'une révolution entamée avec Good Bad Not Evil. Au niveau du son, on est ainsi très proche de 200 Million Thousand.
En fait si nouveauté il y a, elle est plus à chercher dans la tonalité des pistes d'Arabia Mountain, plus pop, sur l'incorporation d'un saxophoniste qui dynamise le son des Black Lips et sur une écriture globalement plus maîtrisée qu'à l'accoutumée.
C'est un peu ce qui nous a désarçonné lors des premières écoutes d'Arabia Mountain : on ne retrouvait pas ce groupe joyeusement bordélique, ce côté je-m'en-foutiste qui faisait tout le sel d'un Good Bad Not Evil. De même on ne retrouve pas trace des délires du groupe capable d'enquiller des pépites country comme "How Do You Tell A Child That Someone Has Died" entre deux saillies garage... Eléments qui nous manquaient déjà sur 200 Million Thousand.
Pour continuer sur les mauvais points, on ajoutera également que l'album, comme d'habitude d'ailleurs est beaucoup trop long. Attention, ne nous y trompons pas, il n'y a aucune mauvaise piste sur Arabia Montain, juste des temps faibles engendrés à la fois par le fait que le groupe sur ces pistes semble faire le minimum syndical mais surtout souffrent de l'excellence des pistes qui les entourent.
Ainsi l'enchaînement "Go Out and Get It" / "Raw Meat" (dans une veine Ramones) / "Bone Marrow" (malgré un excellent riff de guitare) / "The Lie", donnent l'impression de pistes nettement moins abouties que le reste de l'album. Impression curieuse pour un disque dont la conception a pris un an et demi... Idem pour "Noc-a-Homa" clairement la moins bonne piste du disque.
Et pourtant malgré ces réserves, quel disque ! L'entame du disque est époustouflante, faisant souffler un véritable vent de fraîcheur ce qui manque cruellement aux disques de rock sortis récemment. Le frondeur "Family Tree" prend une dimension quasi épique notamment grâce à ce saxo, parfait contrepoint aux choeurs à l'unisson de Cole et Jared, quand "Modern Art" lui s'incruste durablement par la grâce d'un riff de guitare inspiré. Mieux avec "Spidey's Curse" le groupe ose la pépite powerpop s'affirmant également comme le digne successeur des géniaux Barracudas.
Le groupe arrive de façon magistrale à trousser de somptueuses mélodies tout en trouvant le point d'accroche, le petit plus, qui transforme un bon morceau en pépite indispensable. Ainsi "Mad Dog" et "Mr Driver" offrent une autre facette des Black Lips, un versant plus sombre. Voie que l'on aimerait bien voir le groupe emprunter à l'avenir. "Bicentennial Lan" ramène le groupe dans des eaux plus familières.
Ces six premières pistes de haute volée justifient à elles-seules l'achat de cette galette. Mais la deuxième partie du disque recèle également de belles surprises. Dans un registre somme toute plus classique et moins flamboyant que le début d'album, des pistes comme la basique mais efficace "Time", "Dumpster Dive", "New Direction" le mal nommé ou encore "Don't Mess Up My Baby" sont hautement recommandables.
Avec ce disque les Back Lips confirment qu'ils sont une valeur sûre du rock and roll actuel. Ce point est difficilement contestable. Toutefois on ne peut s'empêcher de rêver une fois encore à cet album parfait dont on attend désespérément du groupe. Sans doute la raison pour laquelle ce disque, malgré toutes ses qualités et le fait qu'il restera comme un des disques de l'année, laisse un petit goût amer.
Frank
(http://www.myspace.com/theblacklips)
Tracklisting :
1. "Family Tree" (Alexander)
2. "Modern Art" (Swilley)
3. "Spidey's Curse" (Alexander)
4. "Mad Dog" (Swilley)
5. "Mr. Driver" (Alexander)
6. "Bicentennial Man" (Bradley)
7. "Go Out and Get It" (Bradley)
8. "Raw Meat" (Alexander)
9. "Bone Marrow" (Swilley)
10. "The Lie" (Bradley)
11. "Time" (St. Pe)
12. "Dumpster Dive" (Alexander)
13. "New Direction" (Swilley)
14. "Noc-a-Homa" (Swilley)
15. "Don't Mess Up My Baby" (Alexander)
16. "You Keep On Running" (Alexander)
En écoute ici :
http://grooveshark.com/#/album/Arabia+Mountain/6142039
Quelques vidéos :
Noc-a-Homa, moins bonne piste ?? je la trouve excellente, bien vicieuse avec cette petite fuzz et ce refrain libérateur, classique certes mais tellement efficace et symptomatique du style black lips, pour moi The Lie est beaucoup plus dispensable et moins réussie
RépondreSupprimerfranchement cette piste me transcende pas du tout... comme The Lie :-))
RépondreSupprimerMaintenant moins bonne piste de l'album veut pas dire mauvais morceau non plus.
Frank
mouais moi c'est une de mes préférées, pour moi les deux pistes dispensables sont the lie et don't mess up with my baby, le reste c'est bien dense en tubes, après je trouve qu'on en attend trop des black lips, cet album est excellent tout comme les deux précédents, pourquoi attendre l'album parfait ? en garage quels sont les groupes à livrer des productions de cette qualité ? avec quel autre groupe est on exigent à ce point ? ne boudons pas notre plaisir, ce disque a tourné bien des fois ces derniers temps et il fait mouche à chaque fois !
RépondreSupprimerMais si je suis aussi "exigeant" avec les Black Lips c'est justement parce que je les tiens en haute estime ! Ils font partie des tous meilleurs groupes à avoir émergé durant la dernière décennie.
RépondreSupprimerSimplement, je pense que les Black Lips peuvent et doivent avoir la prétention d'égaler les chefs d'oeuvre sixties dont ils s'inspirent. Ils en ont le potentiel c'est évident.
Quand tu prends "Howl On The Haunted Beat You Ride" de The Go celui-ci soutient la comparaison avec les pépites pop sixties, Beatles inclus. Et bien j'aimerais que les Black Lips sortent un album qui soutienne la comparaison avec les meilleurs disques des Stones des sixties.
Pourquoi attendre l'album parfait ? Mais pour que dans 40 ans on considère encore les Black lips comme un groupe indispensable ! C'est vraiment tout le mal que je leur souhaite !
ouais en même temps font c'qu'ils peuvent les pauvres :)
RépondreSupprimeret je trouve que là ils nous ont sorti un super disque, même sur between the buttons, y'a des pistes plus dispensables, et ce arabia mountain tient la comparaison aux classiques garages 60s, je trouve, et puis bon on espère bien qu'il y en aura encore d'autres à l'avenir !