They're called The Who. The Who ? The Who.
Paolo Hewitt ne signe donc que deux textes. Les autres auteurs sont des inconnus tels que Nick Cohn ou Tom Wolfe...On a même droit à une interview poignante de Peter Meaden, premier manager des Who, alias les High Numbers à l'époque. Chaque texte ne fait pas plus de 3 ou 4 pages, dévoilant l'un après l'autre un aspect sur la vie des modernists de l'époque.
A l'origine, les jeunes anglais ont emprunté ce terme de « mod » à l'opposition marquée entre les amateurs de jazz traditionnel (Louis Armstrong, Sidney Bechet et autres Glenn Miller) et ceux du jazz moderniste (Chet Baker, Gerry Mulligan et autres Miles Davis). Et puis, progressivement, leurs goûts musicaux ont dévié sur le R'N'B.
Vous pouvez critiquer mon talent, mais pas mon tailleur.
Soyons clair. Etre mod était un état d'esprit. C'était rechercher la perfection. Et en premier lieu, à travers le style vestimentaire. Aussi, pas moins des 2/3 du bouquin sont consacrés à la mode et aux looks arborés (ahh...le mohair), saupoudrés de quelques anecdotes sur les faces, ces mods qui étaient pris pour référence tant leur bons goûts faisaient l'unanimité. La France (pour les films de la Nouvelle Vague) et l'Italie (ses fringues et ses scooters) faisaient donc l'objet de toutes les attentions.
L'aspect sociologique de ce mouvement est donc très intéressant. Les mods ne voulaient rien révolutionner. Souvent employés de bureau, ils bossaient la semaine pour pouvoir se payer les fringues de leur choix (Carnaby St...avant le déferlement des masses) et puis aller s'éclater dans des clubs (The Scene) du vendredi au dimanche soir en gobant des dizaines de purple hearts pour tenir le coup sans dormir. Centrés sur eux-mêmes, les mods évacuaient même les nanas car, dans leur schéma égocentrique, il n'y avait pas de place pour s'occuper de quelqu'un d'autre : ils dansaient seuls, ils se regardaient dans le miroir, ajustant leur veste...puis avalaient un cacheton de plus avant de repartir danser.
L'année où les Beatles ont sorti Sgt Pepper, le mouvement mod avait déjà un pied, élégamment chaussé, dans la tombe.
Mais qui sonna le glas des mods ? Pas qui. Plutôt quoi. Et oui, le LSD et la marie-jeanne apparaissent et c'est tout un monde psychédélique qui s'abat sur les anglais pour les noyer sous des fleurs multicolores. Et quand les mods (les vrais) découvrent un Pete Townshend en pat' d'éph' avec des perles autour du cou en train de prendre son pied à un concert des Pink Floyd...La messe est dite.
Les mods n'avaient plus leur place parmi ces cheveux longs. Enfin...certains basculèrent du côté fleuriste. D'autres se coupèrent les cheveux plus courts pour s'engager dans un mouvement plus radical. De fil en aiguille (sans mauvais jeu de mot), leur apparence vestimentaire déboucha peu ou prou sur l'uniforme des premiers skinheads. Et n'oublions pas un évènement majeur dans l'évolution du mouvement : la victoire de l'Angleterre à la coupe du monde de foot de 1966. Les jeunes anglais redoublèrent de passion pour ce sport et la sortie hebdomadaire au stade s'imposa d'elle-même...pour finir en baston entre supporters.
Clean living under difficult circumstances
Mais franchement, que cela soit face à des rockers ou autres...peu importe. Un vrai mod ne se bat tout simplement pas. Non mais vous iriez vous battre en portant un costard taillé sur mesure qui vous a coûté la moitié d'une paie, vous ? Bien sûr que non ! Voilà pourquoi les mods authentiques, les mods traditionnels (rires) étaient peu nombreux. L'exigence du style était telle, l'implication pour ne pas dire la dévotion pour son apparence demandait tant d'efforts...
A l'heure où les joggings à trois bandes et les fausses casquettes LV posées sur le bout du crâne règnent sans partage dans la plupart des grandes agglomérations françaises...On ne peut qu'éprouver une réelle admiration pour le passé de ces Ayatollahs de la coolitude incarnée.
Mr BOF.
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