« Métal Hurlant ». Un nom qui sonne, y a pas à dire. A fortiori pour un journal…de BD. Ça paraît invraisemblable aujourd’hui mais au milieu des seventies, en France, oui en France, naquit un journal tenu par des semi-anarchistes révérant la subculture américaine (pin-ups, vaisseaux inter galactiques, robots géants, mutants…) afin de promouvoir de nouveaux auteurs de bandes dessinées rompant avec les thèmes traditionnels (Castafiore, redingote, loupe, contrebande…).
"Du cul et des robots"
Forcément ça fait tâche. Et forcément on censure. Métal Hurlant sera donc destiné au public « averti », gourmand de délires visuels, de couleurs aveuglantes et de poésies visuelles existentielles. Dirigé par l’inénarrable Jean-Pierre Dionnet (connu des cinéphiles par la suite) en collaboration avec la déglinguée caution rock de l’époque Philippe Manœuvre aka Phil Man, ce fanzine verra éclater le talent de monstres tels que Moebius, Druillet, Bilal, Tardi ou encore…Serge Clerc.
"Phil Man - JP Dionnet - Serge Clerc"
Venu de sa province endormie, Serge Clerc n’a pas encore son bac en poche lorsqu’il propose à Dionnet quelques planches de dessins. Il fut illico engagé, surnommé le « dessinateur espion » par Manœuvre. Ce jeune auteur de 17 ans allait découvrir Paris et faire un bond culturel prodigieux au contact d’oiseaux tels que Phil Man et JP. Certes, le magazine ne connaîtra pas un succès fulgurant : trop dérangeant, cantonné à un lectorat de passionnés, il y eut beaucoup d'invendus. Pour autant, Dionnet vivra son « golden moment » lorsque de voyages à NY, il trouvera la version US de son journal – Heavy Metal – à Time Square, coincé entre Life et Play Boy. Cette fois-ci, de la subculture partait de l'autre côté de l'Atlantique !
"Même les Beatles sont chez Metal Hurlant"
Métal Hurlant sera le témoin d’une génération. Les années punks, l’explosion de la SF, le sexe débridé…Un tourbillon parfaitement retranscris grâce au crayonné incroyable de Serge Clerc dans sa version de l’Histoire. La richesse de son dessin (proche de la ligne claire techniquement mais à l’opposé esthétiquement) est une sorte de roller coaster qui ne s’arrête jamais pour le lecteur estourbi par le rythme effréné de cette biographie d’un journal en mode gonzo. Difficile de résister à cet enthousiasme, à ce débordement d’énergie déployé dans ces pages en noir et blanc par des personnages hauts en couleurs entourés des textes des chansons cultes de l’époque, présents aux quatre coins des pages, à l’envers et à l’endroit, telle une pluie de mots arrosant le lecteur pour y faire pousser leurs propres souvenirs.
"La SF de K Dick évidemment"
Véritable pavé de 230 pages (il faut du temps pour lire une page avec tous ces détails), ce bouquin est l’exemple type du travail d’un auteur qui ne prend pas son public pour un con et qui livre une véritable histoire pour un prix abordable. « Le Journal » est donc une réussite totale, un livre qui file la pêche et l’envie de lire, d'écrire, d’écouter, de regarder…et de créer.
Mr BOF.
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