6 juillet 2011

Pleasure - Joyous (1977)

Portland, Oregon : "une  ville relativement petite, on ne peut pas vraiment dire qu'on y trouve une forte communauté noire". Qui parle ? Marlon McClain, tête pensante et guitariste de Pleasure. Ce groupe de funk, aux teintes jazz, naît en effet de la réunion de deux groupes de Portland. L'un, Franchise, mené par McClain, est orienté disco et rock, l'autre, The Soul Masters, se la joue jazzy, sous la houlette du claviériste Donald Hepburn. Une histoire typique de l'Ouest américain : cette ville est trop petite pour nous deux. Plutôt que de régler l'affaire dans un duel au pistolet, Soul Masters et Franchise fusionnent et se baptisent Pleasure ("c'est ce qu'on veux donner aux gens - du plaisir"). Et la troupe, patiemment, confie ses démos aux musiciens qui passent à Portland en tournée. Une bande se retrouve sur le magnéto de Wayne Henderson. Le tromboniste des Jazz Crusaders, qui ne crache pas sur le funk, est séduit. Et zou ! Pleasure part pour L.A., et officie comme session band pour les productions de Wayne Henderson. Pas chien, le bonhomme négocie pour ses ouailles un contrat avec Fantasy Records. Et voilà, Pleasure peut enfin enregistrer ses propres disques. En 1974 sort Dust Yourself Off, suivi deux ans plus tard par Accept No Substitutes

Mais la grande affaire, c'est Joyous, en 1977, avec son morceau titre, en tout début d'album. "Joyous" déboule avec, d'entrée, une combinaison basse-batterie-guitare qui bétonne un groove à toute épreuve. Un saxo ténor (Dennis Springer) gémit là dessus, jusqu'à ce qu'un premier break propulse définitivement le morceau au firmament. Vocaux, claviers, cuivres, tous vont rentrer en scène, mais la star du show, c'est la guitare de McClain, dont le solo princier se love, en toute fin, sur un écrin de cordes discoïdes. Et oui, "Joyous", c'est ça, une combinaison idéale de funk, de disco et de rock. Un morceau absolu, un fantasme groovy, et, accessoirement, un joli petit succès pour le groupe.

Mais Joyous ne se résume pas à "Joyous" (vous suivez ?). L'album contient d'autres joyaux, moins brillants, certes, mais tout aussi délectables. "Let Me Be The One", avec son chant insistant, sa wah-wah, sa fausse fin, imprime durablement l'auditeur. La basse se fait plus impérieuse sur "Can't Turn You Loose", et malmène des cuivres aux accents de big band. Plus qu'ils ne chantent, les choeurs scandent : la préhistoire du rap ? Peu importe, puisque c'est la guitare, en quelques traits, qui achève ce morceau frénétique. On croit que la température redescend, à l'amorce de "Sassafras Girl", mais le saxophone de Springer, le trombone de Dan Brewster, les choeurs, susurrant jusqu'à l'hypnose, les vocaux de plus en plus débridés, tout, donc, conspire à rallumer la chaudière. L'accalmie vient plutôt avec "Tune In", plus doux. "Selim" (Miles à l'envers, donc) clôt l'album en beauté, et Dennis Springer y fait encore des étincelles. 

Voilà donc un très bon album, au propos bien résumé par le label BGP (qui assure une réédition au son nickel) : "high quality street funk mixed with a touch of jazz". C'est tout à fait ça, et ça fait plaisir à entendre.

M. Pop

Liste des morceaux :
1. Joyous
2. Let Me Be The One
3. Only You
4. Can't Turn You Loose
5. Sassafras Girl
6. Tune In
7. Dance To The Music
8. Selim

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