Finalement le groupe porte très bien son nom, Debademba signifiant "la grande famille" en bambara.
Debabemba c'est d'abord l'histoire d'une rencontre. Celle d'Abdoulaye Traoré, guitariste au jeu très fin, originaire du Burkina Faso qui a posé ses valises à Belleville en 2002 et de Mohamed Diaby, chanteur à la voix chaude lui originaire de Bamako.
L'alchimie entre ces deux là fonctionne si bien qu'ils enregistrent les morceaux composant ce premier album en mars 2010 chez Chapa Blues, et écument les scènes parisiennes et notamment bellevilloises.
Ce qui est incroyable tout au long de ce disque fleuve (15 morceaux pour 75 minutes), c'est ce groove insaisissable, cette capacité, cette facilité même, à emballer les morceaux et à donner à l'auditeur une irrépressible envie de se secouer la couenne.
Disque insaisissable et inventif, cet album offre de nombreuses réussites. Ainsi "Sidebemonebo", qui ouvre l'album est un morceau caractéristique de l'univers mandingue mais qui se voit agrémenté d'accents flamenco du plus bel effet et réhaussé de quelques cordes, et qui permet surtout de découvrir la voix convaincante de Mohamed Diaby.
Mais là où le groupe met la barre très haute c'est sur ce "Agnakamina" d'anthologie, sorte d'afrofunk hallucinant s'ouvrant comme le générique d'un film de Blaxploitation ou d'une bande son de l'excellent Lalo Schiffrin, avant de retrouver ses accents africains vite rejoint par une flûte endiablée ! Ce morceau sur lequel Abdoulaye Traoré fait la démonstration de tout son savoir-faire à la six cordes est un ravissement et une réussite totale et ce malgré (ou grâce à) une construction complexe avec ses multiples breaks et changements de rythme.
Abdoulaye Traoré est vraiment un guitariste doué tant dans l'acoustique (le remarquable "Kieledjola") que dans l'électrique et ce quelque soit le style déployé. Et son talent n'est pas pour rien dans la réussite artistique de ce disque.
Le duo alterne instrumentaux ("Ma Chérie" ; l'essentiel de "Loundolemena"), complainte africaine ("Toulamanga" ; "Takama Part 1" ; "Tribu Sissoko") et pistes plus aventureuses ("Takama Part 2" ; "Ma Part 1 & 2" dédié à la mère d'Abdoulaye Traoré ; le bien nommé "Africa Blues" ou ce "Thomas Sankara" - qui reprend des extraits d'un discours du premier président du Burkina Faso mort assassiné - qui prend des accents salsa) avec un égal bonheur.
Mais la surprise du chef vient en fin d'album avec une nouvelle grande réussite ce "Kiefali (guerrier)" qui réussit à marier musique africaine, le blues à la John Lee Hooker (le début du morceau) et même un clavier qui évoque par moment les Doors de LA Woman ! Difficile à croire et pourtant, une seule écoute devrait convaincre les plus sceptiques d'entre vous.
Avec ce disque, le duo réussit avec brio une formidable synthèse de genres que l'on aurait pu croire inconciliable. On regrette d'autant plus que les médias pop traditionnels ne se soit pas emparer du sujet, car la musique de Debabemba à la croisée des chemins mérite réellement le détour.
Frank
(http://www.myspace.com/debademba)
Tracklisting :
1-Sidebemonebo
2-Agnakamina
3-Kieledjola
4-Ma Chérie
5-Toulamanga
6-Takama (Aventure) (Part1)
7-Takama (Aventure) (Part2)
8-Ma (Part 1)
9-Ma (Part 2)
10-Loundotemena
11-Tribu Sissoko
12-Africa Blues
13-Miridjougou
14-Kiefali (Guerrier)
15-Thomas Sankara
Lien deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/debademba/debademba-749877
Quelques vidéos :
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