Get Carter (1971)

“You know, I'd almost forgotten what your eyes looked like. They're still the same. Pissholes in the snow.”
Cette réplique a justifié à elle seule mon envie de regarder ce film. Surtout lorsqu'elle sort de la bouche d'un Michael Caine alors au sommet de son art, soit les seventies.

Get Carter est un film culte chez nos amis de la perfide Albion. Il faut dire que c'est le type de film couillu (“badass” si vous préférez...) tel qu'on l'affectionnait en cette période où le flower power touchait à sa fin, vaincu par ses illusions, des mauvais trips et de méchantes gueules de bois...
Une parenthèse que des brutasses comme Harry Callahan (Dirty Harry sort également en 1971) allaient se charger de régler à grands coups de crosse en travers de la gueule.
Jack Carter, un tueur à gage londonien tout ce qu'il y a de plus flegmatique – il fait jouir la femme de son boss en lui susurrant quelques mots au téléphone une tasse de thé à la main – apprend la mort singulière de son frère à Newcastle, ville minière de son enfance dont il s'est extirpé par le biais de la pègre. Bien décidé à poser quelques questions dérangeantes, Carter prend le train pour filer droit sur le nord, où l'attend plus de briques rouges que tout homme normalement constitué ne peut en supporter la vision.

La BO est absolument géniale. Les dialogues les plus percutants ont été insérés entre les plages musicales, le tout s'enchaînant parfaitement pour respecter le climat du film. La basse ronronne, le clavier envoie des sons inquiétants, rien de complexe, tout sonne juste pour créer une atmosphère que je qualifierais de “goguenarde”. En effet, le ton est narquois, la dureté des hommes n'empêche pas le ridicule et l'humour de certaines situations. Les gangsters apparaissent comme des pantins s'agitant et virevoltant en marge d'une société déboussolée, pour finir littéralement jetés comme des ordures à la mer. Le compositeur, Roy Budd, est un jazzman britannique qui réalisa ici son oeuvre charnière. La subtilité de ses arrangements n'ont rien à envier (!) au grand maître de l'époque, l'incroyable Lalo Schiffrin.
Quelques titres sont chantés : “Looking For Someone” ou “Love Is A Four Letter Word” sont de superbes écrins pour une soul entraînante chargée de lancer quelques rayons de soleil sur ces grandes cheminées cacochymes surplombant la ville.

Il s'agit donc d'une perle sonore de plus pour les 70's dont on notera la réédition en 2002 par Castle Records accompagnée d'un livret revenant sur l'origine du score.


Mr BOF.

Tracklisting :
01. Intro
02. Dialogue
03. Main Theme - Carter Takes A Train
04. Dialogue
05. Looking For Someone
06. Dialogue - The Race Track
07. Something On My Mind
08. Dialogue
09. Getting Nowhere In A Hurry
10. Dialogue
11. The Girl In The Car
12. Dialogue
13. Love Is A Four Letter Word
14. Dialogue
15. Livin' Should Be This Way
16. Dialogue
17. Manhunt
18. Dialogue
19. Goodbye Eric!
20. Goodbye Carter!
21. Hallucinations
22. Plaything
23. How About You
24. Getting Nowhere In A Hurry (Instrumental)
25. Hallucinations (Instrumental)

Quelques vidéos :