Annonçant la tonalité du disque dés le morceau introductif (Suite II Overture : une courte pièce orchestrale classieuse malgré un lyrisme presque grandiloquent), cette chanteuse-compositrice se déclare d'entrée de jeu comme appartenant à la petite famille des francs-tireurs du R'N B, bien décidée à élever au rang d'art majeur de la pop un style musical régulièrement déprécié, malgré les démonstrations talentueuses de quelques figures du genre qui l'ont même imposé aux oreilles de rares tenants du rock le plus classique.
Et pour se donner les moyens de ses ambitions, la belle a convoqué une large palette de sonorités issues de ses goûts et de ses influences multiples.
En effet, à son aise dans tous les registres, cette dernière démontre ainsi tout son talent dans des doo wop tour à tour dopés aux amphétamines et apaisés. Le tubesque Tightrope en est la démonstration la plus flagrante, avec sa ligne de guitare rythmique frappée d'épilepsie et ses cuivres endiablés. De même, le groove de Come Alive (The War of Roses) incite mécaniquement à faire danser les jambes autant que les synapses à la cadence de sa basse ronflante et de sa batterie inflexible. Contrebalançant ce pur moment de rock'n roll, Sir Greenwood évoque le doo wop des origines, gorgé d'une soul mélodieuse et rêveuse.
La chanteuse se révèle également douée dans l'interprétation de bluettes plus traditionnellement 60's, influencées autant par la soul que par la pop de cette époque. Le lunaire Oh, Maker, supplication amoureuse et poétique paradoxalement toute en retenue, fait mouche grâce à la simplicité de sa guitare folk omniprésente. Neon Valley Street, ballade soul délicatement orchestrée, convainc également par le biais d'incursions d'une guitare électrique aux envolées éthérées, mais discrètes. Enfin, 57821 est un hommage revendiqué haut et fort au regretté Arthur Lee, un morceau de pop pastorale parvenant assez bien à restituer le son typique du groupe Love.
Mais le registre où la demoiselle s'impose définitivement est celui correspondant à une sorte de psychédélisme spatial, une soul-funk cybernétique teintée d'afrofuturisme. L'hypnotique Locked Inside, avec sa rythmique afro-caribéenne enjouée, fait entrer en transe l'auditeur sans trop de difficultés. Le fort justement intitulé Cold War, doté d'une rythmique martiale implacable et d'une ligne de guitare du même acabit, s'impose à l'oreille de façon énergique. Mais c'est surtout les morceaux Mushrooms & Roses et Wondaland qui impressionnent le plus, l'un dans un registre pop-rock aérien et l'autre dans un style électro-pop totalement enfantin et halluciné.
Creuset d'influences multi-culturelles pop jusque dans l'esthétisme de sa pochette, créature futuriste insaisissable, ce mystérieux Archandroïd s'impose définitivement comme le pendant moderne et cybernétique du Ziggy Stardust cher à David Bowie (une autre marotte de Janelle Monae).
On ne peut que craindre d'ailleurs que le disque ne trouve pas son public, coincé entre les fanatiques du R'N B qui lui reprocheront l'absence d'excès vocaux parfois propres au genre, et ceux du rock "pur et dur", englués dans leurs certitudes, pour lesquels le gros travail de production constitue forcément une trahison (ces derniers ont certainement encore pas mal de disques de retard à écouter). Cela confortera la sensation de ceux qui ont apprécié cet Archandroïd, qui seront effectivement convaincus que Janelle Monae vient bien du futur : l'incompréhension que devrait générer ce disque prouve en effet qu'elle est définitivement en avance sur son époque !
Mr. Indie
(http://www.myspace.com/janellemonae)
Tracklisting :
01. Suite II Overture
02. Dance Or Die
03. Faster
04. Locked Inside
05. Sir Greenwood
06. Cold War
07. Tightrope
08. Neon Gumbo
09. Oh, Maker
10. Come Alive (The War Of Roses)
11. Mushrooms & Roses
12. Suite III Overture
13. Neon Valley Street
14. Make The Bus
15. Wondaland
16. 57821
17. Say You'll Go
18. Babopbyeya
Lien deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/janelle-monae/the-archandroid-550601
Quelques vidéos glanées sur Tutube :
Et pour se donner les moyens de ses ambitions, la belle a convoqué une large palette de sonorités issues de ses goûts et de ses influences multiples.
En effet, à son aise dans tous les registres, cette dernière démontre ainsi tout son talent dans des doo wop tour à tour dopés aux amphétamines et apaisés. Le tubesque Tightrope en est la démonstration la plus flagrante, avec sa ligne de guitare rythmique frappée d'épilepsie et ses cuivres endiablés. De même, le groove de Come Alive (The War of Roses) incite mécaniquement à faire danser les jambes autant que les synapses à la cadence de sa basse ronflante et de sa batterie inflexible. Contrebalançant ce pur moment de rock'n roll, Sir Greenwood évoque le doo wop des origines, gorgé d'une soul mélodieuse et rêveuse.
La chanteuse se révèle également douée dans l'interprétation de bluettes plus traditionnellement 60's, influencées autant par la soul que par la pop de cette époque. Le lunaire Oh, Maker, supplication amoureuse et poétique paradoxalement toute en retenue, fait mouche grâce à la simplicité de sa guitare folk omniprésente. Neon Valley Street, ballade soul délicatement orchestrée, convainc également par le biais d'incursions d'une guitare électrique aux envolées éthérées, mais discrètes. Enfin, 57821 est un hommage revendiqué haut et fort au regretté Arthur Lee, un morceau de pop pastorale parvenant assez bien à restituer le son typique du groupe Love.
Mais le registre où la demoiselle s'impose définitivement est celui correspondant à une sorte de psychédélisme spatial, une soul-funk cybernétique teintée d'afrofuturisme. L'hypnotique Locked Inside, avec sa rythmique afro-caribéenne enjouée, fait entrer en transe l'auditeur sans trop de difficultés. Le fort justement intitulé Cold War, doté d'une rythmique martiale implacable et d'une ligne de guitare du même acabit, s'impose à l'oreille de façon énergique. Mais c'est surtout les morceaux Mushrooms & Roses et Wondaland qui impressionnent le plus, l'un dans un registre pop-rock aérien et l'autre dans un style électro-pop totalement enfantin et halluciné.
Creuset d'influences multi-culturelles pop jusque dans l'esthétisme de sa pochette, créature futuriste insaisissable, ce mystérieux Archandroïd s'impose définitivement comme le pendant moderne et cybernétique du Ziggy Stardust cher à David Bowie (une autre marotte de Janelle Monae).
On ne peut que craindre d'ailleurs que le disque ne trouve pas son public, coincé entre les fanatiques du R'N B qui lui reprocheront l'absence d'excès vocaux parfois propres au genre, et ceux du rock "pur et dur", englués dans leurs certitudes, pour lesquels le gros travail de production constitue forcément une trahison (ces derniers ont certainement encore pas mal de disques de retard à écouter). Cela confortera la sensation de ceux qui ont apprécié cet Archandroïd, qui seront effectivement convaincus que Janelle Monae vient bien du futur : l'incompréhension que devrait générer ce disque prouve en effet qu'elle est définitivement en avance sur son époque !
Mr. Indie
(http://www.myspace.com/janellemonae)
Tracklisting :
01. Suite II Overture
02. Dance Or Die
03. Faster
04. Locked Inside
05. Sir Greenwood
06. Cold War
07. Tightrope
08. Neon Gumbo
09. Oh, Maker
10. Come Alive (The War Of Roses)
11. Mushrooms & Roses
12. Suite III Overture
13. Neon Valley Street
14. Make The Bus
15. Wondaland
16. 57821
17. Say You'll Go
18. Babopbyeya
Lien deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/janelle-monae/the-archandroid-550601
Quelques vidéos glanées sur Tutube :
Album curieux, les thèmes abordés sont de la sf (ce qui ramène d'ailleurs à Funkadelic), musicalement Janelle Monae ne se contente pas du R'n'B qui aurait fait d'elle une artiste comme les autres. Empruntant à différents courants musicaux l'ensemble se veut ambitieux. En tout cas suffisamment pour que je me penche sur ce disque !
RépondreSupprimerBigre Mr Indie qui me fait écouter du R'n'B juste avant d'aller au concert de Tame Impala...
Une fin de journée ... cosmique !
Frank
Pour les rencontres SF-pop, les exemples ne manquent pas, mais il semble impossible de ne pas évoquer également Sun Ra ! Mais dans le cas de Monae, c'est surtout Bowie qui fait écho ...
RépondreSupprimerBien sûr qu'il y a du bon dans le R'nB, si les artistes concernés parviennent à sortir des clichés liés au genre (pour moi, c'est valable pour tous les styles).
Pour l'anecdote, une des chansons a pour inspiration ... la moustache de Jack White (?) !
Mr. Indie
Cette étiquette "reuneubeu" fait que pas mal (moi itou) y sont allés à reculons avec ce disque... alors que du r'n'b, on n'en entend vraiment qu'à 4 ou 5 moments. C'est... de la pop afro-américaine, dans la lignée de Stevie Wonder et Prince. Non ? ^^
RépondreSupprimerPour ma part, je trouve qu'il y a 2 titres évitables : "Cold war" (trop générique d'anime nippon pour convaincre) et "Make the bus" qui est tout à fait moche et repoussant.
Le reste est vraiment étonnant, la demoiselle est un vrai caméléon stylistique (si on détaille, ça fait long), avec de sacrées bonnes chansons : Locked inside, Mushrooms & roses, Tightrope, 57821, Sir Greenwood... Faut accepter le côté un peu sur-produit et excessif, compensé par les mélodies et les arrangements bien sentis (mais vu par qui elle est soutenue, ç'aurait pu être une grosse bouillie bling-bling et indigeste... et en fait, non ;))
C'est vrai que Make the Bus est atroce !
RépondreSupprimerSinon, ça ne m'évoque pas Stevie Wonder (j'aime pas !), mais effectivement, y a du Prince (entre autre) !
Dommage que le R'nB, qui n'est pas plus une etiquette que le rock garage, par exemple, fasse fuir ...
Y a encore des clichés qui ont la vie dure, mais je suis là pour ça ;-)
Mr. Indie
Si si y a bien du stevie wonder...je confirme. Mais c'est pile poil le type de chansons que je ne supporte pas chez stevie wonder.
RépondreSupprimerC'est archi produit, les chants me gonflent, c'est pas du tout mon truc.
Je trouve ça sirupeux au possible.
Mais si vous me dites que ça surpasse la prod RNB actuelle je vous crois sans problème...;)
Tout d'abord, personnellement, je n'ai jamais dit que cela "surpassait la production actuelle" du R'N B ! Je suis convaincu qu'il y a d'autres albums (j'en connais) qui valent mieux que ce jugement radical (je pense plutôt "hâtif", en fait). Je trouve ça singulier (et Dahu Clipperton semble être d'accord avec moi sur ce point), donc j'en cause.
RépondreSupprimerPour moi, le côté sirupeux est également un faux-procès : l'album est roboratif, mais sans sucre ajouté (combien d'albums pop, de Bowie à Roxy, peuvent alors être qualifiés de sirupeux ?).
Encore une fois, pour moi, rien à voir avec Stevie Wonder (sans mauvais jeu de mot) !
Un album "surproduit", en outre, peut être un bon album, à mon sens
(Massive Attack ou Gorillaz rentrent dans cette catégorie). C'est un album "too much", limite emphatique )au premier sens du terme), mais aussi "bigger than life" ...
P.S. : on se vouvoie, maintenant ? Vous êtes faché ?
Mr. Indie
"... l'ensemble se veut ambitieux. En tout cas, suffisamment pour que je me penche sur ce disque !" : vous me flattez, Monseigneur !! ;-)
RépondreSupprimerMr. Indie
Mais non mais non...je parlais à plusieurs personnes Mr Pop !
RépondreSupprimerJe n'ai jamais insinué que tout l'album faisait penser au Gilbert Montagné US...Mais reconnais que "Locked Inside" par exemple, possède de solides accents à la Wonder...
En ce qui concerne le côté surproduit, je suis d'accord, c'est subjectif et de toute façon j'ai droit à une dose de mauvaise foi très élevé sur ce site. Le fait est que le RNB, quel qu'il soit, ça ne passe pas. Je dois probablement faire la même moue que Mr Rock à l'écoute d'un de mes disques d'électro minimaliste. Pas beau à voir, donc...
Tsss ... Vous êtes pardonné, cher Mr. Bof (et moi, c'est Mr. Indie, mais on peut confondre) ! C'est lourd, parfois, ces pseudos ringards !
RépondreSupprimerEt pour le vouvoiement, j'avais évidemment compris, mais je fais aussi dans la mauvaise foi et la taquinerie (coup bas !).
Toujours pas trop d'accord sur le côté "wonderesque" de Locked Inside (ou alors vaguement), mais Wonder a lui aussi, je pense, piqué pas mal de trucs (en les transformant en sucreries écoeurantes, certes) ... Alors ?
Evidemment, je n'ai rien contre l'électro minimaliste, pour ma part !
Mr. Indie
A la réflexion, Locked Inside me ferait plutôt au disco des origines (donc plutôt ancré dans la soul et le funk)... et ce n'est qu'une possibilité (tu ne peux nier la richesse de cet album, même Franky le reconnait volontiers) !
RépondreSupprimerMr. Indie
ah ben si même Franky le reconnait volontiers... (rires) Je suis vaincu!
RépondreSupprimerOn va dire que c'est le joker quand on discute musique. Quand on est à court d'argument, on dit : "même Franky le reconnait volontiers !".
Et là c'est la victoire assurée.
Bon les enfants c'est fini? :-)
RépondreSupprimerFrank
Les gars (enfin, surtout Mr Indie), pour Stevie Wonder, un exemple : le pont de "Locked inside" (en particulier la mélodie de chant) est très directement emprunté au... pont de "Golden lady". Je vous juuuure ;D
RépondreSupprimerSinon, tout à fait d'accord avec Mr Indie quand il dit "Un album "surproduit", en outre, peut être un bon album, à mon sens".
La sur-production n'est pas rédhibitoire quand il y a un "propos" musical derrière, quand elle a un sens (pardon pour les gros mots), quand elle n'est pas juste là pour en mettre plein les mirettes. Et "The ArchAndroid", c'est un album en Technicolor, non ?
(désolé Frank, pas pu m'empêcher d'en remettre une couche^^)
Excellent album!
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