Kula Shaker - Pilgrims Progress (2010)

On attendait avec impatience la sortie de ce nouvel album de Kula Shaker, trois ans après la sortie du très bon Strangefolk qui marquait le retour aux affaires d'un des groupes les plus enthousiasmants de la scène anglaise des années quatre-vingt dix.
Déjà le début d'année avait été marqué par la sortie d'une version deluxe de leur chef d'oeuvre Peasants Pigs & Astronauts agrémenté d'inédits, démos et versions live.
La sortie du single "Peter Pan RIP" laissait augurer d'une nouvelle direction pour le groupe, ce que confirme l'écoute de ce Pilgrims Progress de haute tenue. L'époque de K et surtout de Peasant Pigs & Astronauts semble révolue, Kula Shaker ayant choisi de pousser jusqu'au bout les idées et orientations présentes sur Strangefolk.
Les sonorités indiennes que le groupe mélangeaient si habilement à leur britpop ne sont pas absentes mais beaucoup plus diffuses, et se résume à "Only Love" et "All Dressed Up" agrémentés de tabas et d'un sitar pour "All Dressed Up".
Pour le reste le groupe poursuit donc sa mue, démarré avec Strangefolk, Crispian Mills démontrant qu'il est capable d'enregistrer des merveilles de pépites folk ou des morceaux de pop classieuses que n'auraient pas renié The Kinks ("Peter Pan RIP et ses splendides arrangements de violoncelles), The Coral ("Ophelia") ou XTC ("Ruby").
Cela se remarque également dans les thèmes abordés, pour l'essentiel issu du folklore anglais. Ainsi à l'image d'un Ray Davies en son temps, les membres de Kula Shaker semble vivre dans le souvenir de l'Angleterre victorienne, apogée de l'empire britannique mais également d'une certaine idée de l'Angleterre. Il se dégage de cet album le même charme parfois un peu désuet que sur Something Else des Kinks. Cela n'est pas la moindre des qualités de ce disque.
Alors bien sur Kula Shaker ne semble quand même pas avoir totalement fait le deuil de ses amours passés. Ainsi le planant "Figure It Out" renvoie à l'époque de K avec des rythmiques plus baggy et des sonorités orientales.
Et comme Kula Shaker reste un groupe inventif, il réussit encore à nous surprendre le temps d'un "Barbara Ella" pièce certainement rapportée d'une vie antérieure (été 1967) par un Crispian Mills en grande forme, d'un "When A Brave Needs A Maid" morriconien en diable, ou de l'épique "Winter's Call" qui termine ce Pilgrims Progress.
Intro symphonique, quelques passages en français, orgue d'église et guitares au jeu outrancier, le morceau part dans toutes les directions, avant de s'achever dans la confusion la plus totale. Crispian Mills semblant avoir voulu en un morceau synthétisé tous les groupes qui le fascinent (Love, Caravan... et Ritchie Blackmore). Mais même quand le groupe s'égare, son talent suffit à compenser et finalement on se surprend à aimer ce morceau.

Au final, ce Pilgrims Progress confirme donc tout le bien que l'on pense de Kula Shaker, groupe raillé à son époque, archétype du fossé qui peut parfois exister entre presse et public.
Kula Shaker continue, à son rythme (c'est à dire selon son bon vouloir) à sortir des albums enthousiasmants en dehors de toute mode. Si ce Pilgrims Progress n'est peut être pas leur tout meilleur il est certainement le plus envoûtant.

Frank

PS : N'ayant fait l'acquisition que de la version simple de l'album, cette chronique ne tient pas compte des titres présents sur l'édition deluxe.

Tracklisting :
1. "Peter Pan R.I.P" – 3:33
2. "Ophelia"
3. "Modern Blues"
4. "Only Love"
5. "All Dressed Up"
6. "Cavalry"
7. "Ruby"
8. "Figure It Out"
9. "Barbara Ella"
10. "When a Brave Needs a Maid"
11. "To Wait Till I Come"
12. "Winter's Call"

Deluxe edition bonus CD: Lost and Proud

1. "Intro"
2. "Sister Breeze"
3. "High in a Heaven"
4. "Space Caravan"
5. "Let It In" [Demo]
6. "Light Years Ahead of Our Time" [Demo]
7. "The Phantom"
8. "Witches & Wine" [Demo]
9. "Sweet Sympathy"
10. "Peter Pan R.I.P" [video]

L'album en écoute sur deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/kula-shaker/pilgrims-progress-595438

Quelques vidéos :