Funkadelic ! Le nom, à lui seul, liant funk et psychédélisme, est irrésistible. La pochette est délectable. Quand à ce premier album, il est légendaire... à juste titre ! Mais un petit retour en arrière s'impose...
Tout commence dans les années 50, à Plainfield, New Jersey, où George Clinton monte un groupe de doo-wop, Parliament. Le groupe enregistre quelques singles, puis s'exile pour le Michigan. Direction : Detroit ! Clinton y travaille sous la houlette de Berry Gordy, le mogul de Motown. Malgré ça, Parliament n'est pas pris sous contrat par la prestigieuse maison. C'est chez Revilot Records, propriété de LeBaron Taylor, que Parliament sort, en 1967, les singles "Testify" et "All The Goodies Are Gone (Loser's Seat)". Ce sont des succès. Il faut dés lors faire la promotion de ces tubes sur la route : les tournées s'enchaînent, et le besoin de créer un véritable backing band se fait sentir. Le guitariste attitré de Parliament, Billy Nelson, recrute un comparse, Eddie Hazel. Nelson, peu sûr de ses propres capacités, se rabat sur la basse. A la batterie, on embauche Tiki Fulwood. 1968 : Clinton et LeBaron Taylor se fâchent. Hélas, Parliament est encore sous contrat avec Taylor. Plus moyen de sortir le moindre disque. Clinton a un coup de génie. C'est le backing band qui va monter en première ligne ! L'affaire s'appelle... Funkadelic, bien sûr. Le nouveau groupe signe chez Westbound, en 1968, et aligne deux singles, "Music For My Mother" et "I'll Bet You", qui connaissent un petit succès. Mais l'histoire compliquée de Funkadelic devient encore plus complexe. Au cours de l'enregistrement de l'album, Hazel et Fulwood quittent le navire. Clinton , qui a ici le chapeau de producteur, leur trouve des remplaçants au débotté, et embauche aussi des musiciens de séances (issus de la Motown...). Jusqu'au retour des deux évadés, qui reviennent avec des musiciens supplémentaires dans leur musette...
Il est donc bien difficile de savoir qui joue de quoi sur cet album. Ce bazar, au final, s'accorde bien avec le caractère fantasque de Clinton, et, surtout, avec la musique du groupe. En effet, le premier Funkadelic est un incroyable mélange de rock, de funk et de blues, au groove impeccable, baigné de psychédélisme.
Le ton est donné dés l'ouverture du premier morceau, "Mommy, What's A Funkadelic ?". Des bruits de sucion accueillent l'auditeur, suivis d'une offre : "If you will suck my soul I will lick your funky emotions." Ma foi... On est alors pris dans neuf minutes de démence. Les vocaux et les choeurs sont totalement foutraques. Les voix féminines sont délicieusement kitsch, les voix masculines oscillent entre hébétude et grivoiserie. Le tout est enfumé de rires, d'écho et autres bruitages. C'est absolument parfait. "I'll Bet You", plus resserré, au rythme plus tendu, donne l'occasion à Eddie Hazel de briller. Hazel n'avait rien à envier à Hendrix, et ses interventions acides s'incrustent dans le cerveau de l'auditeur. Le morceau est prodigieux, hypnotique, colossal. La wah-wah endiablée et les orgues monstrueuses terrassent "I've Got A Thing, You've Got A Thing, Everybody's Got A Thing". Funkadelic est encore plus débridé sur "Good Old Music" : la basse fait tâche d'huile, la batterie est sèche comme de l'amadou, et Eddie Hazel envois ses petites bombes incendiaires... Le feu prend partout, et carbonise l'auditeur. "Qualify & Satisfy" essaye de calmer le jeu, le temps d'un blues à l'ouverture somme toute classique, mais au final tout en stridences.
Cet album, hautement addictif, est un véritable must !
Mr. Pop
Liste des morceaux :
1 - Mommy, What's A Funkadelic ?
2 - I'll Bet You
3 - Music For My Mother
4 - I've Got A Thing, You've Got A Thing, Everybody's Got A Thing
5 - Good Old Music
6 - Qualify & Satisfy
7 - What Is Soul
Tout commence dans les années 50, à Plainfield, New Jersey, où George Clinton monte un groupe de doo-wop, Parliament. Le groupe enregistre quelques singles, puis s'exile pour le Michigan. Direction : Detroit ! Clinton y travaille sous la houlette de Berry Gordy, le mogul de Motown. Malgré ça, Parliament n'est pas pris sous contrat par la prestigieuse maison. C'est chez Revilot Records, propriété de LeBaron Taylor, que Parliament sort, en 1967, les singles "Testify" et "All The Goodies Are Gone (Loser's Seat)". Ce sont des succès. Il faut dés lors faire la promotion de ces tubes sur la route : les tournées s'enchaînent, et le besoin de créer un véritable backing band se fait sentir. Le guitariste attitré de Parliament, Billy Nelson, recrute un comparse, Eddie Hazel. Nelson, peu sûr de ses propres capacités, se rabat sur la basse. A la batterie, on embauche Tiki Fulwood. 1968 : Clinton et LeBaron Taylor se fâchent. Hélas, Parliament est encore sous contrat avec Taylor. Plus moyen de sortir le moindre disque. Clinton a un coup de génie. C'est le backing band qui va monter en première ligne ! L'affaire s'appelle... Funkadelic, bien sûr. Le nouveau groupe signe chez Westbound, en 1968, et aligne deux singles, "Music For My Mother" et "I'll Bet You", qui connaissent un petit succès. Mais l'histoire compliquée de Funkadelic devient encore plus complexe. Au cours de l'enregistrement de l'album, Hazel et Fulwood quittent le navire. Clinton , qui a ici le chapeau de producteur, leur trouve des remplaçants au débotté, et embauche aussi des musiciens de séances (issus de la Motown...). Jusqu'au retour des deux évadés, qui reviennent avec des musiciens supplémentaires dans leur musette...
Il est donc bien difficile de savoir qui joue de quoi sur cet album. Ce bazar, au final, s'accorde bien avec le caractère fantasque de Clinton, et, surtout, avec la musique du groupe. En effet, le premier Funkadelic est un incroyable mélange de rock, de funk et de blues, au groove impeccable, baigné de psychédélisme.
Le ton est donné dés l'ouverture du premier morceau, "Mommy, What's A Funkadelic ?". Des bruits de sucion accueillent l'auditeur, suivis d'une offre : "If you will suck my soul I will lick your funky emotions." Ma foi... On est alors pris dans neuf minutes de démence. Les vocaux et les choeurs sont totalement foutraques. Les voix féminines sont délicieusement kitsch, les voix masculines oscillent entre hébétude et grivoiserie. Le tout est enfumé de rires, d'écho et autres bruitages. C'est absolument parfait. "I'll Bet You", plus resserré, au rythme plus tendu, donne l'occasion à Eddie Hazel de briller. Hazel n'avait rien à envier à Hendrix, et ses interventions acides s'incrustent dans le cerveau de l'auditeur. Le morceau est prodigieux, hypnotique, colossal. La wah-wah endiablée et les orgues monstrueuses terrassent "I've Got A Thing, You've Got A Thing, Everybody's Got A Thing". Funkadelic est encore plus débridé sur "Good Old Music" : la basse fait tâche d'huile, la batterie est sèche comme de l'amadou, et Eddie Hazel envois ses petites bombes incendiaires... Le feu prend partout, et carbonise l'auditeur. "Qualify & Satisfy" essaye de calmer le jeu, le temps d'un blues à l'ouverture somme toute classique, mais au final tout en stridences.
Cet album, hautement addictif, est un véritable must !
Mr. Pop
Liste des morceaux :
1 - Mommy, What's A Funkadelic ?
2 - I'll Bet You
3 - Music For My Mother
4 - I've Got A Thing, You've Got A Thing, Everybody's Got A Thing
5 - Good Old Music
6 - Qualify & Satisfy
7 - What Is Soul
On inaugure avec cette chronique du premier album de Funkadelic une nouvelle rubrique, Black Power, consacré comme son nom l'indique aux classiques de la musique noire. De la soul au blues en passant par le funk et le reggae sans oublier le jazz, on essaiera de vous donner quelques pistes d'écoutes. Car franchement que serait le rock sans l'apport de la musique noire ?
RépondreSupprimerFunkadelic, un des plus grands groupes de tous les temps. A la fin des 70's, leurs concerts étaient grandioses, avec des délires qui valaient plusieurs milliers de dollars, comme l'apparition d'une soucoupe volante sur scène, etc... Les musiciens (au moins 30 sur la même scène) qui arrivaient en couche-culotte... gigantesque! Mon album préféré est "Standing on the verge", Eddie Hazel est géniallissime, un feeling et une technique de fou, un groove imparable, loin devant ses contemporains (Page, Blackmore, Clapton, Alvin Lee, Santana, Robin Trower ne lui arrivaient même pas à la cheville). A noter qu'à la basse on a pu voir Bootsy Collins, et aux cuivres Fred Wesley et Maceo Parker, ça en bouche un coin! Bref voilà depuis que j'ai découvert Funkadelic, Led Zeppelin parait bien fade^^
RépondreSupprimerOui un groupe que j'ai pas encore véritablement exploré, je vais me pencher donc sur ce Standing On The Verge, merci du conseil !
RépondreSupprimerFrank
Cher Yoann Hermes, je suis tout à fait d'accord avec vous : Eddie Hazel est excellent.
RépondreSupprimerJe vous remercie moi aussi de votre conseil : la discographie de Funkadelic est assez riche, et il est difficile de trier le bon grain de l'ivraie.
Quand à votre description des concerts, elle laisse rêveur... On aurait aimé avoir assisté à de tels récitals...
Mr. Pop
Moi aussi j'aurais aimé assister à ces concerts, ça devait être grandiose!^^ Je crois qu'il y a une vidéo, c'est P-Funk Earth tour.
RépondreSupprimerSinon, pour les intéressés, les albums à écouter sont Free your Mind And Your Ass Will Follow (plus pycgé tu meurs!), Maggot Brain, Standing on the verge (mon préféré), America Eats Its Young (très soul/funky), One Nation Under A Groove (funk et synthés) et Uncle Jam Wants You (idem).
Faut aussi regarder chez Parliament, leur autre nom. Le premier Parliament, Osmium, ressemble beaucoup à du Funkadelic première période, c'est à dire très rock. Ensuite, il y a l'énorme Mothership Connection, le live P-Funk Earth Tour... en fait quasiment tout est bon jusqu'aux fatales années 80!
Il faut aussi regarder du côté des disques solos des membres de Funkadelic, y'a du très loud, comme Games, Dames, & Guitar Thangs de Eddie Hazel avec une gigantesque reprise de California Dreamin un peu façon Hendrix mais avec le groove en plus, et aussi une de I Want You (she's so heavy) des Beatles. Allez voir du côté de Bootsy Collins, pareil y'a du très loud comme Bootsy?Player Of the Year.
Voilà ça constitue une bonne entré dans l'immense discographie de Parliament/Funkadelic... J'avoue n'avoir écouté que 1/10e de ce joyeux bordel^^