The Reverend Horton Heat & DeadBolt - Trabendo 04/04/10

Les Reverend Horton Heat, un dimanche soir, ça se refuse ?
Bien sûr que non.
Ce groupe mythique de psychobilly (fondé en 1985), en pleine tournée européenne, a la bonne idée de faire un crochet par Paname pour rameuter les tatoués, les bananes cirés, la bière éventé et les filles stylées.Yeah ! D'autant que la première partie est un gros morceau : Deadbolt, un quatuor de San Diego, bien fracassé du bulbe.
Ces mecs à l'allure d'Hell's Angels arrivent sur scène bières à la main (le chanteur a une petite sacoche à la ceinture pour la poser et la reprendre plus facilement...si, si...) avec un truc pour faire jaillir des étincelles un peu partout. OK. Tout va bien. S'ensuit une espèce de surf rock avec voix d'outre-tombe, l'espace d'une quarantaine de minutes où le groupe va se fendre la gueule, se jetant des canettes de bières vidées d'un trait à la gueule, à défaut de jouer les morceaux en entier...
Je m'explique. Bien souvent, le morceau s'arrête pour...
Au choix :
– casser une plaque en bois avec le crâne
– sortir un faux serpent, l'agiter sur scène, piquer le guitariste qui en tombe de convulsions
– boire un verre de Jack Daniel's cul sec puis hurler comme un damné
– retourner sa guitare puisque FUCK YOU est inscrit en lettres capitales au dos
– mettre le batteur (qui joue constamment debout) à la place du guitariste
– the « beer break », en tapottant la montre : oui, une gorgée de bière lorsqu'il est l'heure du beer break..................

Vous l'aurez compris, le but du groupe est de faire passer un bon moment à son public, quitte à en oublier un peu la qualité musicale. Cela étant dit, on se marre franchement devant leurs pitreries.
Mais attention ! N'omettez pas l'écoute de Deadbolt sur votre platine préférée !
Possédant l'ensemble de leur discographie (huit albums au compteur), je vous affirme qu'il s'agit là d'un putain de bon groupe délivrant un surf rock sombre à souhait, furieusement vaudou, traversé de rires de maniaques : la parfaite bande-son d'un film Bis à base de zombies, de bimbos dansant le mambo sur une plage à Bornéo.

Mais l'affiche, la vraie, celle pour laquelle un public bigarré s'est déplacé, c'est bien sûr The Reverend Horton Heat. Trois mecs qui, tout comme Deadbolt, transpirent le rock'n roll (en plus rockab' et moins bikers...) : contrebassiste à la banane, batteur en cheveux longs et chanteur-guitariste en costard qui claque...Plus de deux heures d'un psychobilly intense et varié, parfois rockab', parfois country, mais toujours le sourire aux lèvres, heureux d'être présent sur scène pour rendre hommage à une époque révolue qu'il chérissent. Autant vous dire qu'ils ne sont pas les seuls ! Les trois premiers rangs se secouent dans tous les sens, à la limite du concert punk, mais tout ceci reste très bon enfant : certains semblent tout droit sortis d'Happy Days, leurs doigts s'agitent nerveusement sur les rythmes endiablés. D'autres se retrouvent au dessus de la foule, les jambes écartés et bras en croix, surfant sur les mains tendus, rebondissant de droite à gauche, hilares, sous les yeux de leur groupe préféré. Les refrains sont repris en chœur, l'ambiance est là, pas de doute. Le chanteur semble satisfait, il applaudit la foule, le batteur tabasse ses fûts comme un malade, le contrebassiste serre des mains à tire larigot...Un spectacle qui fait plaisir à voir, à l'heure où pas mal de groupes se prennent bien trop au sérieux.

Ces messieurs portent haut la flamme du rock'n roll : la musique, certes. Mais aussi l'esprit.

Mr BOF.