21 mars 2010

Blood Red Shoes - Fire Like This (2010)

Cela fait environ une dizaine d'années que le "retour du rock" (dont le début correspond globalement à la sortie du 1er album des Strokes) a été entériné par le grand public et les médias. Or, à l'aune de cette décennie, un constat s'impose : à aucun moment un groupe n'est parvenu à capter l'héritage des groupes qui ont pourtant le mieux contribué à redonner vie à un genre devenu moribond et pesant dans les années 80.
Blood Red Shoes est donc probablement le seul groupe à revendiquer, en ce début de nouvelle décennie, l'influence du sacro-saint axe Pixies-Nirvana. Et, sur ce Fire Like This, ils le font sans ostentation ni fioritures, mais avec une réelle distinction.
Des guitares acérées, des mélodies qui cavalent à tombeau ouvert, et surtout un art consommé de la rupture rythmique sont donc bien la marque de fabrique d'un groupe anglais qui, une fois n'est pas coutume, s'aventure sur un territoire du rock où aucun groupe américain n'ose plus remettre les pieds (vous pouvez chercher, amis lecteurs, vous n'en trouverez pas !).
Evidemment, l'album ne peut être réduit à une copie conforme des groupes précités : l'influence se fait plus subtile, ce qui constitue à la fois la force et la limite de l'exercice. Blood Red Shoes se débarrasse ainsi des oripeaux trop encombrants de l'ère noisy par la grâce d'une production ciselée, mais non-dénuée d'aspérités : propre, mais générant un chaos parfaitement maîtrisé.
Ainsi, nulle trace ici de la démence surréaliste des Lutins de Boston, ou de nihilisme autodestructeur des Clochard Célestes de Seattle.
En lieu et place, des mélodies aux arrangements minimalistes, emmenées par une rythmique implacable, ponctuées par de lourds riffs de guitares graisseuses, s'imposent de façon spontanée et évidente (Don't Ask, It Is Happening Again, Heartsink).
Blood Red Shoes parvient ainsi à reprendre avec bonheur la dynamique du "loud-quiet-loud" sur un morceau tel que When We Wake (un des meilleurs moments de l'album), qui délivre au départ une mélodie doucereuse, bercée par la voix de la chanteuse-guitariste Laura May-Carter, pour enchaîner sur un refrain furieusement plombé par le ronronnement puissant de la guitare de la belle.
Sur Keeping It Close, le groupe joue même avec l'auditeur : si le morceau débute sur la structure classique du "loud-quiet-loud", avec une introduction relativement apaisée, le morceau se poursuit et s'achève finalement tambour battant, sans que le rythme ne faiblisse, ni que les guitares baissent de régime.
Follow The Lines est le morceau qui se détache le plus des standards de la noisy évoqués, privilégiant une pause (dream) pop et mélanco-lyrique bienvenue.
Ce morceau permet la transition avec One More Empty Chair, morceau tripartite qu'on pourrait qualifier, pour le coup, de "quiet-loud-loud" : un couplet rêveur pour introduire le morceau, et un refrain puissant qui s'étend pour repartir à nouveau dans une autre direction : inédit, et très efficace !
Il convient enfin d'évoquer les deux hits imparables de l'album.
Light It Up, incandescente machine à pogos post-grunge, délivre mélodie à la fois lourde et puissante, soufflant le froid et surtout le chaud : c'est le morceau nirvanien par excellence.
L'autre morceau se détachant de l'album est When we Wake, tube imparable déjà évoqué, dont la subtile mélodie saturée à l'excès enivre rapidement l'amateur de rock nineties.
Certes, les esprits chagrins regrettant l'âge d'or de la noisy pourront déplorer, comme cela a été écrit précédemment, l'absence de folie due à une production trop "propre", mais c'est oublier que l'énergie dégagée par les compositions demeure, elle, intacte.
Ainsi, si comme votre serviteur, vous vous sentez parfois un peu déboussolé par les "subtilités" du rock actuel, égaré entre des resucées supposément"roots" mais insipides et des pitreries zeppelinesques balourdes, si pour vous le rock ne se conçoit pas sans un minimum de chaos et si pour vous le concert de vos rêves s'achève inévitablement par la destruction méthodique des pièces de batterie, alors ce Fire Like This vous tend les bras !

M. Indie

(http://www.myspace.com/bloodredshoes)

L'album en écoute intégrale sur deezer :
http://www.deezer.com/fr/#music/blood-red-shoes/fire-like-this-494658

Tracklisting :
1. Don’t Ask

2. Light It Up

3. It Is Happening Again
4. When We Wake

5. Keeping It Close
6. Count Me Out
7. Heartsink

8. Follow The Lines

9. One More Empty Chair

10. Colours Fade


Pour le goût, le brulant (forcément !) Light It Up :




Le même en live à Brussels (seul enregistrement vidéo correct trouvé sur le net) :



Le groupe s'est produit dans l'émission One Shot Not de Manu Katché, on vous livre avec l'aimable autorisation d'Arte Live Web, ces deux vidéos :

5 commentaires:

  1. Ma foi je ne connaissais pas...ça m'a l'air pas mal. C'est vrai que l'influence des Pixies et de Nirvana n'est pas très mainstream de nos jours...

    RépondreSupprimer
  2. Ouaip leur premier album (http://rawpowermagazine.blogspot.com/2008/07/chronique-blood-red-shoes-box-of.html)
    m'avait moyennement emballé celui-là à l'air effectivement plutôt pas mal.

    En tout cas ça fait plaisir de revoir Mr Indie dans ces colonnes !

    Frank

    RépondreSupprimer
  3. Merci Franky !

    C'est vrai qu'ils ont bien progressé depuis leur album précédent ...

    Ne vous inquiétez pas, M. BOF, le retour de la mélodie imparable massacrée à grands coups de distorsion sonique reviendra d'ici peu (prédiction gratuite mais annonçant l'inéluctable) !

    M. Indie

    RépondreSupprimer
  4. MISE A JOUR !

    Avec l'aimable autorisation d'ArteLiveWeb, deux nouvelles vidéos ont été intégrées ! Enjoy

    RépondreSupprimer
  5. Vous pouvez aussi écouter l'excellent "awesomer" de Blood on The Wall. Bon, ça date déjà de 2005, mais cet album est presque parfait...
    http://www.youtube.com/watch?v=l0vqBlnRd8E

    Arthofzaft.

    RépondreSupprimer