16 novembre 2008

The Dears - Missiles (2008)

Le quatrième album des Dears tient un peu de la résurrection. Du groupe d'origine ne subsistent plus que le leader, Murray A. Lightburn, et Natalia Yanchak (Mme Lightburn à la ville). Les cinq autres membres du groupe ont été remplacés... Dans ces conditions, autant changer aussi de label, ce qui fut fait : le "groupe" de Montreal appartient désormais à l'écurie californienne de Dangerbird. Au final, toutes ces péripéties se révèlent profitables. Lightburn a manifestement tiré parti de ces crises pour resserrer le propos. Certes, les morceaux des Dears font toujours la part belles aux ambiances et aux atmosphères, et peuvent encore s'apparenter à de mini-bandes originales. Mais ici, aucune des chansons du nouvel album n'est détruite par un incongru changement de ton, ce qui constituait l'une des faiblesses de No Cities Left (2004). Si Lightburn a débarrassé ses compositions des excroissances qui les déformaient, cela ne fait pas de Missiles est un album de power pop truffé de morceaux de trois minutes. Disons que l'on est passé du rococo au baroque... Les faits parlent d'eux mêmes : dix morceaux, une durée totale d'une heure, des chansons se prolongeant sur six, sept, onze minutes. Les Dears se sont un peu calmés, mais sont encore loin d'être sobres. Excessive et volontiers mégalomane, la musique des montréalais pioche aux meilleures sources. L'ombre des Smiths planait sur No Cities Left. Missiles cite Pink Floyd, Roxy Music, Radiohead. Dès le morceau d'ouverture, "Disclaimer", le ton est donné, les claviers glacés et le saxophone procurent les frissons bien connus des amateurs des deux Brian, Ferry et Eno. "Come back", répète Lightburn, histoire de bien montrer de quoi se nourrit cet album. Le disque est parfois maladroit dans ses citations : "Berlin Heart" reproduit sans nuances le "No Surprises" de Radiohead. Mais quand ça marche, c'est parfait. "Lights Off", au délicat démarrage acoustique, se prolonge en une rêverie nimbée de choeurs et de guitares dignes dignes de Pink Floyd. On retrouve sur ce morceau le goût de Lightburn pour les chansons à tiroirs, un penchant dont l'expression est ici parfaitement maîtrisée. Dans ce registre, "Demons", entre claviers fantômatiques et envolées lyriques, se révèle un des sommets du disque. Ailleurs, "Money Babies", "Crisis 1 & 2" et "Dream Job" (et son superbe final, où s'entrecroisent claviers, banjo, slide guitar et banjo) illustrent avec talent la nouvelle orientation du groupe vers des chansons plus directes. Hélas, les trois derniers morceaux (soit vingt minutes au compteur, tout de même ...) ternissent la fin de l'album. Là, pour le coup, c'est trop long, on commence à s'ennuyer ferme.
Qu'importe ! Certes, Missiles est loin d'être parfait. Mais c'est aussi pour cela que l'on aime Murray Lightburn est sa bande. Ils en font parfois trop, tutoient la faute de goût ou flirtent avec la grandiloquence. Et alors ? Après tout, Morrissey, Roxy Music et consorts n'ont jamais été des modèles de sobriété. The Dears a livré ici suffisamment de morceaux de grande classe pour que l'on continue à les chérir.

Mr. Pop

(http://www.myspace.com/thedears)

2 commentaires:

  1. Le morçeau en écoute c'est The Dears? J'aimais bien... jusqu'au trompette, dommage.

    RépondreSupprimer
  2. Non le player est indépendant des chroniques, il joue aléatoirement des morceaux mis à disposition par les groupes sur leurs sites.

    Le morceau en question doit-être la reprise de "Je suis venu te dire que je m'en vais" de Gainsbourg par Okkervil River enregistré live à la maison de la radio.

    Moi j'aime bien cette reprise !

    Mr Rock

    RépondreSupprimer