2008 : la poussière est retombée. Les Strokes font du rétropédalage, les Libertines ont implosé...Mark Kozelek va plutôt bien, lui. Réfugié sous un pseudonyme chipé à un boxeur coréen, l'homme continue de publier ses albums, de façon confidentielle, certes, et semble avoir trouvé son équilibre. Avec ce très bel album, Kozelek ne fait pas de révolutions et explore la veine folk-rock dévoilé sur Old Ramon. Tout l'art du bonhomme consiste à écrire de longs morceaux épurés, à la lenteur hypnotique, dans lesquels on finit par se couler. Exercice délicat : le risque de l'immobilisme et de l'ennui sont sans cesse présents. Le piège est déjoué par l'excellence des compositions et par les ponctuations bienvenues de cordes ou par les interventions de guitares que n'aurait pas renié Neil Young. En effet, les longues dérives électriques et les guitares rouillées de deux superbes morceaux ("Tonight The Sky", avec son solo bancal, et "The Light") évoquent les meilleurs morceaux d'Everybody Knows This Is Nowhere. Les influences sont bien digérées, néanmoins, et il n'est pas question ici de redites. La voix singulière de Kozelek, de toute façon, rend difficile les comparaisons. Voix blanche et détachée, parfois plaintive, mais qui semble dépourvue de tout pathétique de pacotille et de toute emphase douteuse. C'est cette voix singulière, à la fois absente et sereine, qui fait aussi le prix des meilleurs morceaux de l'album : "Lost Verse", mélopée acoustique s'achevant par une belle glissade de guitares électriques, "Unlit Hallway", enluminée de banjo, et qui semble issue d'un rêve, ou encore "Heron Blue", construite sur un obsédant motif de guitare, et dont l'inquiétante douceur réveille des images tirées de la Nuit du Chasseur ou de Dead Man. Avec April, Mark Kozelec vient de signer l'un des albums les plus envoûtants de l'année 2008.
(http://www.myspace.com/sunkilmoon)
(Mr.Pop)
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