Le retour de Portishead aux affaires en aura laissé sceptiques plus d'un : le fameux "son de Bristol" (ou trip-hop) apparaissant désormais largement dépassé, les dernières prestations de ses plus fameux représentants (Tricky et Massive Attack, pour ne citer qu'eux) n'ayant pas vraiment convaincu les plus nostalgiques des amateurs du genre. Pourtant, l'album "Third" prouve les limites que constitue la catégorisation dans un genre de tel ou tel groupe, et démontre avec brio que Portishead vaut mieux que cette seule réputation réductrice de "fer de lance du trip-hop" que le groupe n'a jamais recherché. Geoff Barrow, Adrian Utley et Beth Gibbons reprennent en effet les affaires là où ils les avaient laissées depuis le deuxième album éponyme, évitant aisément le piège de la répétition nostalgique. Les lourdes basses ont été remplacées par une guitare acoustique plus avenante, la voix de Gibbons est (un peu) plus apaisée, mais le climat géneral ne s'est pas apaisé pour autant : des guitares électriques mugissent çà-et-là de façon menaçante, les cuivres se font plus discrets, mais plus sinistres, et les tourments subis par le groupe durant sa brève disparition transparaissent sur plusieurs morceaux (Beth Gibbons a avoué il y a peu que l'immense succès qu'elle a connu a bousillé sa vie privée) ... Cet album constitue donc, au-délà de la simple thérapie ou du cliché rebattu de "l'album de la maturité", une certaine forme de résurrection pour les membres de Portishead : souvent tendu (sur « Machine Gun », « Hunter » ...), d'autres fois mélodique, mais toujours glacial (avec des morceaux tels que « The Rip »), Portishead ne renie rien de son identité. Mais, se débarrassant des encombrants oripeaux du trip-hop et de sa sophistication surannée, le groupe touche l'auditeur par des compositions plus dépouillées et sensibles, se mettant à nu sans vulgarités, en toute simplicité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire